vendredi 11 juin 2010

SHARING THOUGHTS ABOUT REMEMBER ME - 2

Partage d’idées sur Remember Me - 2


Our new short posts - called Sharing Thoughts – are back again today. In them, I post some short comments or ideas sent to me by friends and readers of the blog. Today our writer is Elise, a frequent reader of the blog who left this comment yesterday about the previous article. I just loved the metaphor she used for the film.
Les nouveaux petits posts express – appelés Partage d’idées– sont de retour aujourd’hui. Ils me permettent de poster des commentaires courts ou des idées que m’envoient des amis et des lecteurs du blog. La plume est aujourd’hui celle d’Elise, une lectrice assidue du blog (et je crois aussi du forum TF), qui m’a laissé hier ce court commentaire sur l’article précédent. J’ai aimé sa métaphore pour le film.

I think Remember Me was in some way our diary, a diary we all shared together, meeting together to share the same story, to share our compassion for Tyler, and that this film has made us look at our life in a different way! Remember Me has left its fingerprints forever in my soul and my life… 



Je pense que ce film a était d’une certaine façon notre journal qu'on a partagé tous ensemble, unis pour une même histoire, pour une même compassion pour Tyler, qui nous a permis de voir différemment la vie !!! Remember Me a marqué à jamais mon âme et ma vie…
Elise, 11 juin 2010


mercredi 9 juin 2010

VIEWERS SPEAK: AN ARTICLE ABOUT REMEMBER ME

La voix des spectateurs : un article sur Remember me

This article is by my friend jessegirl, who has allowed me to translate it. It has elicited a lot of
positive comments. It was originally posted on our sister site, An Unofficial Remember Me Fan Site (see link on the right side of the page), and has since been reposted and/or translated or several other sites. (see all links at the end).
Voici un article rédigé par mon amie jessegirl, qui m’a permis de le traduire et de le poster. Cet article a suscité de nombreux commentaires positifs. Il a été à l’origine publié sur le « site sœur », An Unofficial Remember Me Fan Site (lien : voir dans les blogs à droite), et a depuis été reposté et/ou traduit sur plusieurs autres sites (voir tous les liens à la fin)



Oscar and “Remember Me”: Modern Masterpiece
Les Oscars et “Remember Me”: un chef d’œuvre contemporain
- by/par ‘jessegirl’ (20/05/2010)


THE PHENOMENON / LE PHENOMENE :
THE DOWNSIDE - LE NEGATIF 


Hormis quelques exceptions notoires, le film Remember Me a été massacré par les critiques, qui, pour la plupart, lorsqu’ils ne se sont pas montrés arrogants, ont fait état de leur ignorance. Ils ont tenté, et bien mal leur en a pris, de faire dans le politiquement correct, en dénigrant avec virulence la fin bouleversante du film afin de s’assurer par avance une indignation publique dont ils avaient fait le pari. Et encore, je ne donne ici qu’une interprétation indulgente de leurs motivations. Une bonne dose de jalousie et de malveillance a aussi prédominé, une tentative de démolition de « l’ado-vampire » Robert Pattinson, qui avait osé devenir l’idole des teen-agers et sortir du rang un peu trop vite à leur goût, au lieu de monter lentement les échelons de la célébrité, en bon garçon qui se respecte.

With notable exceptions this film has been panned by critics, most of whom, when they weren’t arrogant, were ignorant. In a misguided attempt at political correctness they trashed the shocking ending of the film to pre-empt predicted public outrage. That is a kind interpretation of their motives. There was also much envy and maliciousness, an attempt to diss ‘vampire boy’ Robert Pattinson for daring to be a teen heart throb and not, in their opinion, rising in the ranks slowly enough, like a good boy.


Au final, même la masse des adolescentes a boycotté le film, arguant avec une belle immaturité que c’était comme de voir le vampire Edward « tromper » Bella.

Then even Pattinson’s teen girl fanbase boycotted the film, for the immature reason that the vampire Edward was ‘cheating’ on Bella.


Ce qui nous ramène au fait que le studio a fort mal orchestré la commercialisation du film, vendu comme comédie romantique, avec pour effet de tenir aussi à distance le public masculin.

Which brings us to the fact that the studio poorly marketed the movie as a romantic drama. This kept the males away too.


En conséquence, le film, si on le juge à l’aune des blockbusters, a obtenu des résultats médiocres au box-office. Et pourtant, ce petit film indépendant, produit pour seulement $16 millions, en a aujourd’hui engrangé $55 millions dans le monde, ce qui constitue en fait un chiffre très respectable. On peut le comparer avec le film lauréat aux Oscars 2010, Démineurs, qui pour un budget de production comparable, a enregistré une recette mondiale d’environ $45 millions [chiffres de box office mojo]

Therefore the film, by blockbuster standards, did poorly at the box office. Yet this small indie flick, produced for a mere $16M, has now made $55M world-wide, which is actually a very respectable figure. Compare it with the Academy Award Winner, Hurt Locker, which had comparable production budget and grossed approx. $45M globally. [box office mojo]


En revanche, l’accueil fait au film par le public est une toute autre histoire. Abasourdi par les mauvaises critiques, les spectateurs ont bondi pour défendre le film, et parfois avec passion.

However, the story of its reception by actual viewers is very different. Indeed, puzzled by the poor reviews, audiences have been jumping to the film’s defence, sometimes passionately.


 THE UPSIDE/LE POSITIF


Les commentaires publiés sur les sites Web et les blogs ont été incroyablement positifs. Et cette fameuse fin du film a suscité le plus souvent des commentaires également positifs. Partant de là, les «critiques» généralement favorables émanant du grand public ont commencé à s’aventurer sur un terrain plus intense. Les internautes se sont mis à échanger leurs réactions personnelles au film, ainsi que celles de leurs proches et de leurs amis, et ce partage s’est avéré aussi puissant que la fin du film.

Comments on websites and blogs have been amazingly positive. And that ending elicited mostly more positive comments. From general good ‘reviews’ from the viewing public, the comments ventured into more intense territory. People started sharing personal responses to the film and reactions of their families and friends; these were as stunning as the film’s ending.



Chez les spectateurs de tous les âges, de 14 à 94 ans, les réactions ont été les mêmes. Il est difficile de faire la synthèse de la puissance brute des sentiments qu’ils décrivent. Des extraits de leurs commentaires peuvent en donner une idée, sachant qu’il faut imaginer de les multiplier par cent, car l’impact d’une lecture de ces réactions lues toutes ensemble, les unes après les autres, est étonnant :

People of both sexes, of all ages, from 14 to 94, reacted similarly. It is hard to encapsulate the sheer passion which they describe. Some quotes from the comments might give an idea but they should be multiplied one hundred fold, because the impact of reading them together is astounding:


- Il est rare qu’un film parvienne à m’émouvoir comme celui-ci est parvenu à le faire.
- C’est la façon dont ce film me va droit au cœur qui le distingue des autres.
- J’ai pleuré comme un petit enfant.
- Il y a longtemps que je n’ai pas vu un film aussi sincère que celui-là.
- Le film m’a profondément ému, je n’ai jamais été aussi ému par un film.
- On ne fait plus de films comme celui-là.
- Ce film m’a fait ressentir les choses, contrairement à la plupart des autres films.
- On sait qu’un film est bon lorsqu’on est sincèrement attaché à ce qui arrive aux personnages.
- Le film me laisse un profond sentiment de chagrin.
-rarely does a film move me emotionally as this one did;
-it’s how the film touches my heart that sets it apart;
-I cried like a baby;
- I haven’t seen a movie this honest in a long time;
-it profoundly moved me; -never been moved so much when watching a movie;
-they don’t make them like this anymore;
-it made me feel, unlike most movies;
-it’s a sign of a good movie when you genuinely care about the characters;
-a deep ache in my heart.


Ce résumé donne une image très claire. Et ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg.

You get the picture. And this is the tip of the iceberg.


Et puis, les commentaires ont commencé à changer. Les spectateurs se sont mis à confier qu’ils avaient besoin de retourner voir le film, et dans ce cas encore, le nombre de personnes qui témoignaient de ce désir était très important : on avait l’impression d’entendre résonner un leitmotiv.

Then the comments changed. People started saying things about the need for repeat viewings, and here too, the number of people who voiced this was substantial; it was like a refrain.


- J’ai rarement besoin de retourner voir un film une seconde fois, mais pour celui-là, oui, il fallait que j’y retourne.
-I rarely feel compelled to see a movie twice but this one, yes;
- Le film s’est gravé en moi, je n’arrive pas à arrêter d’y penser et cela fait pourtant une semaine que je l’ai vu : je ne peux pas l’oublier.
-It stayed with me; I can’t get it out of my head and it’s been a week; I can’t forget it.


Et puis, les internautes se sont mis à partager des récits très personnels, soit de leurs propres vies, soit en racontant comment eux et leurs proches ressentaient le besoin d’en parler. Récits de deuils, histoires d’amour, témoignages sur le 11 septembre, souffrances les plus intimes, tous ces récits ont commencé à se déverser comme un torrent. Remember Me a déclenché une lame de fond chez tant de spectateurs, et aucun d’entre eux, lorsqu’ils ont quitté leur salle de cinéma après avoir vu le film pour la première fois, n’en avait réellement pris toute la mesure. Le film a suscité une véritable tempête de sentiments en chacun d’entre nous.

Next, people started sharing very personal stories, either from their own lives, or told how they and their friends felt the need to discuss it. Stories of loss, love, of 9/11, of their most personal griefs. This poured out of them. Remember Me set off a tidal wave within so many viewers, the dimensions of which none of them knew when they first stepped out of the theatre, after the first viewing. The film set loose a veritable tsunami of feeling within each one.


Et puis, les commentaires ont changé à nouveau. Cette fois-là, les spectateurs se sont mis à analyser le film.

Comments changed again. People were analyzing the movie.



- C’est un film qui vous reste en mémoire et qui vous fait réfléchir.
-sticks with you and makes you think;
- Le film force à la réflexion et m’a amené à réévaluer ma vie.-thought-provoking and caused me to re-evaluate my life;
- D’une certaine façon, je me suis senti plus vivant après voir vu ce film.
-I somehow felt more alive after watching this film;
- Ce film m’a ouvert les yeux sur ce que c’est que le deuil.
-this movie opened my eyes to grief;

Un autre changement est intervenu dans les commentaires lorsque les spectateurs ont conclu que le film avait changé leurs vies. Ils se sont mis à analyser leurs propres vies et ont parfois eu des moments de révélation existentiels.

Another shift in the comments came when they decided this film had changed their lives. They analyzed their own lives and had existential epiphanies.


- Se souvenir nous aide à grandir et à changer.
-remembering helps you grow and change;
- J’ai eu de nouveau envie d’être en contact avec la vie d’autrui.
-I renewed my commitments to touch others’ lives;
- L’émotion brute que ce film a suscité en moi était resté inerte depuis bien des années, et elle a opéré une transformation : elle m’ a permis de prendre du recul et de réévaluer ma vie.
-the raw emotion this film evoked from me had been untapped for many years and was transforming; it got me to step back and re-evaluate my life;
- Quel souvenir ai-je envie de laisser aux autres ?
-how do I want to be remembered?
- Et si aujourd’hui était mon dernier jour ?
-what if today is my last day?


De nouveaux blogs ont fait leur apparition, chacun apportant différentes approches analytiques du film : artistique, psychologique, sociologique, par le biais d'une étude des personnages, des thèmes et des symboles utilisés. Certains opinent que le film devrait être utilisé à des fins éducatives, dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Next new blogs began, analyzing the film from different angles: artistic, psychological, sociological, through the characters, themes and symbols used. People thought it should be taught in high schools and universities.



Les spectateurs avaient toujours eu jusqu’alors recours à des superlatifs pour décrire le film, mais ils sont alors passés à la vitesse supérieure. Pour eux, le film était l’équivalent contemporain de Ordinary People. Voici différents avis : «le meilleur film jamais fait», «le meilleur film que j’ai jamais vu», « mon film préféré de cette année», «mon favori absolu depuis toujours». C’était un film porteur d’un «message profond», «un film qui compte » « à ne pas rater », qui aurait « une place durable dans l’histoire du cinéma». Des mots plus prestigieux étaient parfois cités, par beaucoup de gens : Oscars, et classique.

Viewers had always used superlatives but now they used emblematic ones. It was a modern day Ordinary People. According to some, it was ‘the best film ever made’, ‘the best film I’ve ever seen’, ‘my favourite movie of the year’, ‘of all time’. It had ‘a deep message’, ‘a film that matters’, ‘not to be missed’ and would have ‘a lasting place in film history’. And big words were being used, by quite a number of them. The words Oscar and classic.


Ce film, foulé aux pieds par les critiques et boycotté par la supposée base de fans, mal commercialisé, avait néanmoins trouvé son public, qui regroupait des spectateurs tous âges confondus, impressionnés par la profondeur de l’impact du film sur leur vie.

This movie, which was panned by critics, boycotted by the supposed fanbase, poorly marketed, had found its audience—which straddled demographics—and which was in awe of the profound impact it had had on each of their lives.


Nous en sommes maintenant au stade où les nominés aux oscars de l’an prochain sont en train d’être sélectionnés, dans un contexte de buzz général. Mais où se situe Remember Me dans tout cela ? Une fois de plus, il y a un vaste fossé entre ceux qui possèdent le pouvoir et l’influence suffisants pour entr’ouvrir une porte vers les Oscars et ceux qui ont vu le film. Appelons cela la grande fracture. Et l’on ne peut s’empêcher de se poser la question : que diable s’est-il donc passé ?

We are now at the stage when next year’s Oscar contenders are being selected in a general buzz. Where is Remember Me in all of this? Again, there is a big disconnect between those with power and influence to create Oscar talk and those who have see the film. Call it the great divide. And that begs the question: What the heck happened?


THE ELEMENTS:/ LES ELEMENTS:


Prenez un scénariste débutant, un jeune acteur sans formation, un tournage en plein air à New York City où paparazzi et fans ont pourchassé la star et lui ont rendu très difficile le simple fait de parvenir à rester concentré. Qu’obtient-on à l’arrivée ?
Take a new script writer, a young untrained actor, an open set in New York City where papparazzi and fans hounded the star and made keeping focused a real test. What do you get?



 Si Robert Pattinson est cette star, pas de surprise. Ajoutez des vétérans tels que Chris Cooper, Pierce Brosnan, Lena Olin et les choses prennent un tour encore plus intéressant. Faites aussi entrer en scène Tate Ellington, puis un premier rôle romantique féminin avec Emilie de Ravin et une enfant-actrice au jeu intense, Ruby Jerins. Embauchez des comédiens bien établis tels que Kate Burton, Gregory Jbara et Martha Plimpton (le nom de cetet dernière n’apparaît pas), et les résultats parlent d’eux-mêmes.

If Robert Pattinson is that star, you’d be surprised. Add veterans like Chris Cooper, Pierce Brosnan, Lena Olin and things get even more interesting. Mix in Tate Ellington, a romantic lead in Emilie de Ravin and intense child actor Ruby Jerins . Recruit stage notables like Kate Burton, Gregroy Jbara and an uncredited Martha Plimpton and the results speak for themselves.


Le script de Will Fetters donne naissance à des personnages aux dimensions multiples, complexes et bien cernés. Les spectateurs rendent leur verdict : «J’ai été absorbé par les personnages qui m’ont paru si réels. J’ai ressenti un lien avec les personnages et l’histoire, comme cela ne m’était jamais arrivé auparavant». Cette qualité se ressent dans le script et chez les acteurs, dont le jeu s’est révélé extraordinaire. En surface, certes, l’histoire comporte certains éléments qui sont des poncifs, mais ceux-ci sont intégrés au sein d’une structure d’une subtile complexité.

Will Fetters’ script creates multi-faceted characters, each of them well-rounded and complex. Viewers give their verdict: I was engrossed with the characters, who felt so real. I connected with the characters and story in a way I never have before. This reflects on both the script and the actors, who gave stellar performances. Superficially the story has some clichéd elements, but these are layered into a finely complex weave.



Et venons-en maintenant à M. Pattinson, dont le travail ici ne peut être sous-estimé. Il joue Tyler Hawkins, et le film est avant tout l’histoire de Tyler. Tyler est l’axe du film, le ciment qui maintient ensemble tous ses éléments, et sans lui le film s’écroulerait faute de pouvoir de cohésion. Parce que Tyler est si important, un acteur moins brillant aurait réduit le film à néant. Mais Robert nous donne une performance toutes en nuance, subtile mais pourtant passionnée. Chaque émotion se reflète sur son beau visage. A la fin du film, nous nous sommes pris d’affection pour Tyler, et sa mort nous laisse déchirés, nous brise le cœur ; hommes ou femmes, quel que soit notre âge, 14 ou 94 ans, le résultat est le même. Nous retenons un cri intérieur, nous restons cloués dans nos fauteuils. Lorsque survient la fin tragique, nous nous sommes tellement investis émotionnellement dans ce personnage que nous pleurons pour lui (au fait, ai-je mentionné le fait que d’innombrables spectateurs quittaient la séance en pleurant ?) Nous ne verserions pas de larmes pour un acteur dont le talent se limiterait à une imitation sombre et rêveuse de James Dean. Robert Pattinson apporte au rôle une vulnérabilité crédible qui nous touche tous. Un jeu d’un tel calibre fait pressentir un génie naturel. Il est temps que les critiques abandonnent leurs préjugés, cessent de voir en lui une idole pour adolescentes et regardent sérieusement sa performance.



Now to Mr. Pattinson, whose work here cannot be underestimated. He plays Tyler Hawkins, and it is really Tyler’s story. Tyler is the linchpin, the glue, and without him the centre would not hold. Because Tyler is so important, a lesser actor would have demolished the film. But Robert gives a nuanced, subtle yet impassioned performance; every emotion is reflected on that remarkable face. We love Tyler by the end and when he dies the loss ripped our being, breaks our hearts; whether we are female or male, 14 or 90, the result is the same. We scream inside, sit stunned. By the tragic end we are so emotionally invested in him we cry for him. (Oh, did I not mention how many people left in tears?) You don’t do that for an actor whose range is limited to a broody James Dean imitation. Pattinson brings a believable vulnerability to the role which touches everyone. Acting calibre this good means there is natural genius involved. It’s time critics shed their juvenile prejudice and really watched his performances.


Allen Coulter, qui s’est illustré avec plusieurs épisodes de la série TV Les Sopranos et avec le long métrage Hollywoodland, a réalisé un beau travail sur Remember me, entretissant les écheveaux des différentes histoires avec dynamisme et réalisme. Le directeur de la photographie, Jonathan Freeman, propose des cadrages intéressants riches de symbolisme. Le compositeur Marcelo Zarvos, auteur de la bande sonore, a savamment utilisé la musique, sans jamais la laisser devenir envahissante dans l’histoire, gardant toujours la note juste. Même le morceau de clôture, qui accompagne le montage final, commence sur une mélodie d’une tristesse à serrer le cœur pour s’amplifier en une affirmation qui nous élève, mais sonne avec authenticité, sans jamais tomber dans l’artifice. Tout est superbe. Et n'oublions pas Nick Osborne et les autres producteurs, qui ont eu le courage de soutenir le projet.

Allen Coulter, with Sopranos and Hollywoodland credits, has done a fine job on this one, weaving together many story strands in a dynamic and realistic way. The DP, Jonathan Freeman, has framed shots chock full of symbolism and interest. And Marcelo Zarvos, who wrote the score, used music to great effect, never intruding on the story and always hitting the right note. Even the end piece, which, during the final montage, begins with sad heartbreak and swells to uplifting affirmation, does so in a way which comes across as genuine, not contrived. It’s superb. Let’s not forget Nick Osborne and the other producers, who took a courageous risk to back it.


Le film condense tant de choses en deux heures. Les thèmes de la douleur, du deuil, de l’espoir, de la guérison et de la rédemption sont abordés et mis en lumière de façon poignante. Le symbolisme abonde, mais jamais de façon flagrante.

There is so much stuffed into two hours, and the themes of grief, loss, hope, healing and redemption come across with poignant illumination. Symbolism abounds unobtrusively.


Quant à la fin… elle a été le sujet d’une abondante polémique, mais l’analyse finale révèle qu’elle a une fois de plus divisé critiques et spectateurs. Je ne reviendrai pas sur ce sujet ici, car il est trop complexe et a déjà été traité sur d’autres sites. Toutefois, le spectateurs s’accordent généralement à reconnaître que la fin est un hommage, un tribut, rendu avec tact. Tyler est la clef de voûte, la personne qui nous permet d’entrer dans la tragédie et nous la fait comprendre réellement. Il est le viatique. Le choc est du au fait que son parcours intérieur, des premiers faux-pas jusqu’à la sérénité, des tâtonnements jusqu’au pardon, l’a amené jusqu’à un point riche en beauté et en sentiments, et que c’est justement parvenu arrivé à stade qu’il va mourir, qu’il va être emporté. La beauté à couper le souffle de la promesse qu’il incarnait a été enlevée, juste au moment où elle allait éclore.

Okay, the ending. That has been a subject of great debate, but it has, in the final analysis, divided critics again from the viewers. I will not go over this here as it is too complex and has been dealt with on other sites. However, the general consensus from audiences is that the ending pays homage, is a tasteful tribute. Tyler is the touchstone, the person who allows you into the tragedy, so you really know. He is the conduit. The shock was that his internal journey, from stumbling to serene, from floundering to forgiving, had taken him to a beautiful, soulful spot and he would die there. He would be taken away at just that point. The breathtaking beauty of his promise to the world was taken away just as it was unfurling.


“...Et je te pardonne ” : c’est le tournant de l’histoire.

“...And I forgive you” –that is the clincher.





Ce film est une tragédie, qui s’approche silencieusement de nous, d’une façon naturelle et apparentement banale, mais qui, à la fin, bouleverse notre monde, nous touche au plus profond de nos cœurs et résonne comme peu de films y sont parvenus. Tel est son talent. Le film est tout simplement, un chef-d’œuvre.

This film is a tragedy, quietly coming at you in a natural and seemingly mundane way, until, by the end, it shakes your world apart, touches you at your core and resonates like few films ever have. It is just that good. It is, quite simply, a masterpiece.


THE MASTERPIECE /LE CHEF-D’ŒUVRE


Que dire pour commencer ? Comment le dire ?

What to say first? How to say it?


Le mot qui revient inlassablement comme un leitmotiv chez les spectateurs est que le film les a hantés. Chaque personne, chacune à sa façon, a été fortement touchée, et c’est stupéfiant.

The one word repeated like a mantra over and over by viewers was haunting. This film haunted them. I think each person in his or her own way was so affected. That is stunning!


Le film nous hante parce qu’à la fin, Tyler est mort et que nous, les survivants, nous ne pouvons l’accepter. Ce jeune homme, qui plus est, si beau, il faut bien l’admettre, nous est enlevé, alors même qu’il abordait un tournant décisif de sa vie. La promesse de ce qu’il vient de comprendre, du changement qui commence à s’opérer en lui, brille comme la lumière d’un phare pendant un merveilleux moment. Et puis - à ce moment exact - Tyler est emporté. Assassiné. Et nous devons endurer cet événement, seuls. C’est si dur à supporter. L’événement nous hante.

It haunts because at the end Tyler is gone and we, the survivors, cannot come to terms with it. A young and, let’s face it, physically beautiful life, is taken from us at just that turning point in his life. The promise of his new understanding and breakthrough shines like a beacon for one glorious moment. And then—at that exact point—Tyler is taken away. Murdered. And we have to go it alone. And it is hard to bear. It haunts.


 Chacun d’entre nous se souvient de Tyler. Dans notre imagination, nos amants, nos fils, nos amis prennent le visage de Tyler. Puis nous nous remémorons nos propres deuils. Puis nous reprenons contact avec nos souffrances bien réelles. Le film est, pour certains, presque trop bouleversant de par son capacité à faire remonter à la surface des émotions primordiales. C’est pour cela que nous ne pouvons pas le chasser de nos esprits. Je n’ai jamais vu autant de personnes manifestant le besoin de revoir le film, encore et encore. Au début, ces spectateurs ont eu besoin de temps pour digérer la puissance des sentiments que le film avait libérés en eux. Puis ils sont retournés voir le film. Et qui plu sest, non seulement le film passe très bien le cap de visionnages répétés, mais il s’infiltre dans nos âmes.

Each person remembers Tyler. Then imagines their own lover, son, friend, is Tyler. Then remembers real losses. Then is put in touch with their real grief. The film is, for some, almost overwhelming in its power to summon primal feelings. That’s why they couldn’t get it out of their heads. I’ve never seen such a huge demonstration of people needing to see it again, and again. At first they needed time to process the power it had unleashed inside them. Then they went again. And, not only does the film stand up after multiple viewings, it seeps into the soul.


Remember Me suscite des sentiments puissants et son sujet est la source de réflexions profondes. Les spectateurs y décèlent de nouveaux éléments chaque fois qu’ils le revoient et son message leur insuffle de la force.

Remember Me elicits strong feelings, and its substance provokes deep thought. People see new things every time they view it and its message gives them strength.


TRANSFORMATION


J’ai dit plus haut que la nature des commentaires sur le film se cessait de se modifier. Chez certaines personnes, le processus s’est opéré encore plus en profondeur. Quel autre film, ces dernières années, a su fasciner les spectateurs et les a poussés à faire entendre leurs voix ? Quel autre film les a émus, et les a fait se tourner vers les dimensions les plus profondes d’eux-mêmes ? Remember Me les a guidés vers ces lieux intérieurs riches de sens. Quelle réussite ! Quel don nous fait ce film !

Remember when I talked about how the comments kept changing? Well, with some people the process has been even more profound. What other film in recent years has riveted viewers and prompted them to make their voices heard? What other film has moved them and drawn them into the deepest part of themselves? Remember Me has guided them to these meaningful places within themselves. What an achievement! What a gift!



Il existe une sorte d’attraction invisible, une aspiration à quelque chose qui surpasse tout les merveilleuses composantes dont j’ai parlé (le jeu des acteurs, la réalisation, le scénario, la musique, le thème) : le film possède un pouvoir thérapeutique qui attire les spectateurs. Si le film vous parle, il y a fort à parier que vous y retournerez encore et encore, pour venir puiser à la source de transformation qu’il recèle. Les auteurs du film se sont lancés dans le projet parce qu'ils y croyaient et ont donné le meilleur d’eux-mêmes, et il s’est passé quelque chose de presque sacré. Tout le film en est marqué, et il est désormais imprégné d’une sorte d’aura lumineuse qui, du début à la fin, demeure inexplicable. C’est quelque chose qui ne peut qu’être ressenti.

There’s an invisible pull, a yearning for that which surpasses all the wonderful parts I’ve talked about—acting, directing, story, music, theme. People are drawn to the film’s healing property. If the film speaks to you, you will return again and again to drink at that well of transformation. The filmmakers proceeded from faith in the material and did their best, so this almost sacred thing happened. It infuses the whole film and now there’s a glow which permeates it, from beginning to end, which cannot be accounted for. It is felt, just felt.



Tout ceux qui sont en quête d’une guérison et qui y sont prêts retourneront encore et encore vers le rayonnement de ce film et s’en laisseront imprégner. Ils savent qu’un événement important est en train de se produire en eux lorsqu’ils visionnent le film, et, tant que cet événement n’aura pas accompli son travail, ils reviendront voir le film. Une sorte de sagesse opère en nous-même et le film en est le catalyseur.

Anyone who needs healing and who is ready will come again to allow the radiance of the film to penetrate them. They know something significant happens inside them when they see it and until it has done its work, they will return. It is some wisdom working internally and the film is the catalyst.


Un tel effet a une portée considérable. Qu’arrive-t-il à ces spectateurs qui reviennent voir le film ? Tyler vit, et meurt, encore et encore, et à un moment donné dans cette spirale, les spectateurs ont l’obligation de se transformer ; ils doivent, tout en acceptant la mort, aussi renaître d’une façon ou d’une autre. Les survivants sont ceux qui ont la tâche la plus dure, celle de continuer, et pourtant comment peuvent-ils y parvenir si une transformation ne s’est pas produite en eux?

This is a far-reaching effect. So, to those who go again, what happens? Well, Tyler lives and dies over and over and sometime in this spiral the viewers must transform, must, while accepting death, be reborn in some manner. Survivors have the hardest job, to go on, and yet how can they do this unless some transformation has taken place within them?


Il ne faut pas sous-estimer l’issue finale que peut avoir ce film. C’est un catalyseur, si l’on veut. Ou le déploiement de lumière qui en résulte. Le film est le messager de la transformation, le guide, l’ange à nos côtés. Mais il ne peut pas nous faire parcourir la totalité du chemin. Aucun art, aucun être humain ne le peut. Nous seuls, avec ou sans l’aide d’une foi, le pouvons. C’est une tâche que nous devons accomplir seuls.

Do not underestimate the possible ultimate result of this film. Catalyst, if you want to call it that. Or, the illuminating effect that comes from this. The film is the messenger of transformation, the guide, the angel in the midst. And it cannot take us the whole way. No art, no person, can. Only we, ourselves, alone or with supernatural help, can do that. We must do that alone.


Mais tout art doit être abordé de la façon juste. Impossible de le comprendre si votre intention première est, justement, de le comprendre. Impossible d’être touché si vous vous tenez à distance de lui, si vous tentez de vous maintenir au-dessus de lui. Or, c’est exactement ce qu’on fait tant de critiques du film. Il est très dommage que ceux qui ne l’abordent pas avec l’état d’esprit juste passent à côté de sa grandeur, de sa profondeur et de la pure beauté aimante qui l’imprègne tout entier.

But all art must be entered into in the right way. You can’t get it if you are out to get it. You can’t be moved if you hold yourself apart from it, trying to be above it. That is what so many critics watching this film did. The sad thing is that those who do not come to it with the right attitude miss the grandeur, the profundity and the just plain loving beauty of it all.


Pourquoi ? Parce que le film n’ouvre pas ses portes à ce type de regard. Comme toute grande œuvre de création surgie d’une intention pure, elle exige certaines choses. Remember Me exige un respect, une attitude juste, et surtout – du coeur. Et le film en a le droit. Si le spectateur ne donne pas lui aussi de son côté, l’art demeure alors muet pour lui, ou il lui apparaît sous un aspect déformé.

Why? Because it will not allow those people in. Like any great creative effort which comes from the well of pure intent, it demands certain things. Remember Me demands respect, the right attitude, and most of all, -heart. And it has a right to. If viewers do not also give, the art either remains silent for them, or comes across as distorted.


J’irai jusqu’à dire que dans toute œuvre d’art importante il existe toujours une sorte de « puissance supérieure » qui y participe, mais seulement si l’intention primordiale était pure. Les créateurs de Remember Me avaient cette pureté, ce qui fait que quelque chose de spécial s’est mêlé au processus de création et illumine maintenant l’œuvre finie. Cela ne saurait être plus clair.


I will go so far as to say that with all great art there is always a ‘higher power’ of some kind which is involved. But only if there is a purity of intent. The filmmakers of Remember Me had that, so something special wove itself into the process and now shines through in the result. That is plain.

Il y a toujours une grande fracture : avant, et après. Avant que Tyler meure, et après sa mort. Avant que la personne que vous aimez meure, et après sa mort. Remember Me a ce pouvoir de hanter le spectateur, qui le démarque dans l’histoire du cinéma. Peut-être que, rétrospectivement, lorsqu’ils parleront de la question du deuil, les spectateurs parleront un jour de l’avant-Remember Me et de l’après-Remember Me.


There is always a great divide: before and after. Before he dies, and after. Before your loved one dies, and after. The haunting quality of Remember Me is significant in film history. Perhaps, on the issue of grieving, in hindsight, people will talk about before and after Remember Me.



Remember Me est un chef-d’œuvre sur tous les plans, du début à la fin, exempt de toute fausse note, de tout moment inutile. Il est inoubliable. Et, oui, il devrait avoir le droit de concourir aux prix cinématographiques prestigieux du cinéma – aux Oscars, aux Bafta. Cela ne fait aucun doute.
Remember Me is a full-throttle masterpiece, from beginning to end, with not a false note, not a wasted moment. Unforgettable. And, yes, it should be in contention for the big awards, Oscar, Bafta, and so on. Of course. Duh.

JESSEGIRL
Links : originally posted on http://www.rememberme-film.com/2010/05/oscars-and-remember-me.html
Also posted on IMDB boards
on http://www.spunk-ransom.com/
on http://robertpattinsonbrasil.com/

mardi 8 juin 2010

SHARING THOUGHTS ABOUT REMEMBER ME

Partage d’idées sur Remember Me - 1



In these new short posts, called Sharing Thoughts, I will post some short comments or ideas sent to me by friends and readers of the blog. Remember Me has so many facets, it makes us think all the time about all the joy and sadness in our lives and above all it makes us want to share together how we felt or understood some of its themes or scenes. Today our writer is Valérie, who sent me this short email last week.
Dans ces nouveaux posts courts, Partage d’idées, je poste des commentaires courts ou des idées que m’envoient des amis et des lecteurs du blog. Remember Me a tant de facettes, c’est un film qui nous fait réfléchir constamment aux joies et aux peines de nos vies et qui nous pousse à vouloir partager nos sentiments ou nos interprétations de certains de ces thèmes et de ses scènes. Je laisse donc ici la plume à Valérie,du forum TF, qui m’a envoyé ce court email sur un sujet qui lui tient à cœur.




Depuis quelque temps, une idée m'obsède concernant Tyler : je pense qu'il ressent une très forte culpabilité suite au suicide de Michael mais pas celle que nous ressentons tous d'être vivant après la mort d'un proche. Je pense qu'il s'en veut de n'avoir pas vu la profondeur du désespoir de son frère, D'autant plus qu'ils étaient très proches et avaient pris un petit déjeuner ensemble dans leur coffee shop préféré le matin même. Et lui n'avait rien vu. C'est peut être aussi pour cela, en plus de la grande affection qu'il lui porte, qu'il est aussi présent auprès de Caroline : aller la chercher a l'école, l'emmener au parc, participer a ces activités artistiques ou l'accompagner à l'anniversaire de cette petite peste ... Il ne veut rien rater a nouveau.
Valérie, 2 juin 2010.




I’ve been haunted for some time now by this idea about Tyler. I think he feels extremely guilty because of Michael’s suicide, but I believe his guilt is not this specific guilt we survivors all feel after the death of a loved one. I think he’s mad at himself because he was not able to see how deep his brother’s despair really was. It must be even more maddening as both brothers were very close to each other and even had had breakfast together in their favorite coffe-shop on the very morning Michael killed himself. And Tyler never saw a thing coming. Maybe that’s why Tyler is always there for Caroline. It’s not just that he loves her so much – he wants to be there for her all the time. That’s why he picks her up from school, and takes walks with her in the park, and gets involved in all her artistic activities, or takes her to her friends’ house on the day of the ill-fated birthday party: Tyler missed things when Michael was alive, and now he doesn’t want to miss anything with Caroline.
Valérie, June 2, 2010.


dimanche 6 juin 2010

TYLER’S JOURNAL IN REMEMBER ME

LE JOURNAL DE TYLER DANS REMEMBER ME

Writer and illustrator: teamwork today !
L’écrivaine et l’illustratrice : travail en équipe aujourd’hui !

Today I’ve thought of a new kind of post. The idea was to make an illustration and to ask a friend to write a short text about it. The theme we chose turned out to be Tyler’s Journal. I’ve made the drawing and my friend jessegirl, who has already contributed to this blog, has written this lovely, deep, insightful piece about the meaning and role of Tyler’s journal, based on my drawing. It’s been wonderful to work together and I hope we will be able to give you some more posts like those in the future !


Aujourd’hui j’ai imaginé un post un peu inédit. L’idée était de créer une illustration et de demander à une amie d’écrire un court texte en s’inspirant du dessin. Le thème que nous avons choisi s’est révélé être le Journal de Tyler. L’illustratrice, c’est moi, et l’écrivaine, c’est mon amie jessegirl, qui a déjà contribué à ce blog, et qui a écrit ce beau texte profond et perceptif sur la signification et le rôle du journal de Tyler, en s’appuyant sur mon illustration. Travailler ensemble été une grande joie et j’espère que nous pourrons vous proposer d’autres posts sur ce principe à l’avenir !

Tyler's Journal
Le Journal de Tyler



-by/par jessegirl. June 4, 2010/Le 4 juin 2010

Le fait de tenir un journal peut être considéré comme un moyen de se confronter à un deuil. Le deuil engendre une introspection, qui, à son tour, fait appel à l’écrit pour valider ce qui ne peut être dit à voix haute. Après la mort d’un être aimé, nous éprouvons le besoin de communiquer avec celui qui nous a quitté, et aussi avec nous-même. Si nous possédons un talent artistique, tel que la musique ou un art visuel, c’est sans doute le véhicule que nous utiliserons pour exprimer l’inexprimable. Mais pour ceux qui ne sont gère doués dans ces domaines, ce sont les mots qui devront remplir cette fonction, les mots qui devront suffire. Et c’est pour raison que Tyler «parle» à Michael. Il écrit un journal.

In general, we can say that journaling is a way of coping with loss. Loss provokes introspection, which, in turn, uses the written word to acknowledge what cannot be spoken. One must, after the death of a loved one, communicate with that one, and with oneself. If one has an artistic outlet, music or visual art, that might be the route one takes, to express the inexpressible. But for those with few skills in those areas, words must do, must be enough. And so, Tyler ‘talks’ to Michael. He journals.


© Copyright LittleSeaSparrow (me/moi !)
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Vous la voulez? Clic gauche pour afficher en grande taille puis clic droit et sauvegardez.

Spontanément, le journal de Tyler me paraît répondre à trois objectifs qui se fondent les uns dans les autres. Ce sont la nécessité pour lui d’accomplir son travail de deuil pour surmonter la tragédie, son besoin de disposer d’un espace secret pour se livrer à cette tâche, et son besoin de rendre un hommage et un tribut à son frère.
Off the top, I’ve thought of three purposes for Tyler’s journal and they bleed into each other. They are Tyler’s need to process the tragedy, his need for privacy while doing so, and his need to honour and pay tribute to his brother.

Processing 
Le travail de deuil


Nous avons eu besoin de réfléchir, de discuter et de blogger après avoir vu ce film.
We needed time to think, to discuss, and to blog after we saw this film.

Tout cela a permis au film de s’insinuer et de demeurer en nous pendant qu’il faisait son travail d’alchimie. De la même façon, Tyler a besoin de son journal, pour faire face à son deuil, pour réfléchir et pour comprendre, et en définitive, pour parvenir à pardonner Michael. Le journal est un moyen pour lui d’accomplir ce périple. La douleur est un périple.

This allowed it to seep into us and then to sit inside us, while doing its alchemical work. So Tyler needs the journal, to process his loss, to ponder and help him understand, and ultimately forgive Michael. The journal is the way to make the journey. Grief is a journey.


Alors que Tyler se positionne en simple auditeur libre de sa vie – dans ses études, dans son travail, dans ses relations – il s’investit par contre totalement dans sa vie intérieure. Là, il étudie sans relâche, jusqu’à l’épuisement, il se soumet continuellement à des tests, et sa réflexion porte toujours sur ce qui gît au plus profond de lui. C’est dans ce lieu que Michael doit s’être rendu ; dans ce lieu que nous allons rechercher le sens de la vie et, selon ce que nous y découvrons, que nous décidons de nos actes. Tyler, lui aussi, doit creuser en lui-même et agir en fonction de qu’il trouvera. C’est aussi un lieu effrayant, semblable au monde souterrain des enfers.

While Tyler merely audits his outer life—school, job, relationships—he engages fully in his inner life. There, he takes on gruelling studies, constantly testing himself, always pondering at the deepest level. That’s the place Michael must have gone, to the place where one goes to find the meaning of life and to act on what one finds there. Tyler, too, has to delve into himself and act on what he finds there. And it is one scary place, like the underworld.


 
Dans ce lieu, Tyler doit retrouver Michael et, comme tout ceux qui partent en quête dans le monde des morts, Tyler a peur. Il sait seulement qu’il doit trouver son frère, lui crier toute sa rancœur, le questionner, obtenir des réponses, pleurer pour lui, l’aimer et le pardonner. Tyler sait tout cela, et la tâche est impressionnante à l’extrême. C’est le grand inconnu, et Tyler s’y rend avec pour seule crainte la peur de ne pas être capable d’en revenir. C’est un labeur atroce, comme une plaie béante que l’on doit élargir encore plus, qui met à nu ses pires terreurs.
Tyler has to find Michael there and like any seeker in the place of the dead, Tyler is afraid. He knows only that he must find his brother, rail against him, question him, find answers, cry for him, love him and forgive him. Tyler knows all that and it is extremely daunting work. It is the great unknown, and Tyler goes there fearing only that he might not be able to return. And it is excruciating work, like cutting an open wound, exposing his worst terrors.



Tyler fait cependant ce voyage. Il n’a pas d’autre choix. Il y est obligé. Il doit se faire son propre passeur pour descendre dans les profondeurs de son âme, explorer, trouver des réponses ou un semblant de résolution, puis remonter à la surface. Ou mourir. Telle est l’exacte importance de son itinéraire . C’est une question de vie ou de mort.

Tyler goes anyway. He has to. He is compelled. He must ferry himself down into the depths of his soul, explore, find answers or some resolution, and then come back up again. Or die. It is exactly that significant. It is a matter of life and death.


Et ensuite, lorsqu’il reviendra, s’il revient, il sera transformé. Rien de moins ne permettra à Tyler de revenir et de participer de nouveau à la «vraie vie». Le journal est son outil, son stylo est la pioche qui va creuser ces recoins intimes de son âme pour qu’il puisse les exposer à la lumière. A ce stade de sa douleur, il a besoin de ce journal autant qu’il a besoin de respirer. Avez-vous remarqué comme il l’emporte partout avec lui, comment il en attache les pages terminées à l’aide d’élastiques, et que le journal est là avec lui dans le bureau de son père le jour fatidique ?

And when, or if, he returns, he will be transformed. Nothing short of that will allow Tyler to return and engage in ‘real life’ again. The journal is his tool, his pen the pick axe which will excavate these inner recesses of his soul so that he can bring them to light. At this point in his grief he needs that journal like he needs air. Have you noticed how he carries it around with him, how he secures previous pages with elastic bands, how it is there with him in his father’s office that day?


Tyler carries the diary in his pocket in the cemetery scene.
Tyler a le journal dans sa poche dans la scène du cimetière.

 
 
Rolled pages of the diary
Tyler fait des rouleaux pour archiver son journal
 

In Charles' office
Dans le bureau de Charles

Privacy 
Secrets

Nous ne savons pas ce que contient le journal sauf lorsque nous entendons la voix off de Tyler, par exemple lorsqu’il s’adresse à Michael à propos du mythe de castration du père, ou lorsqu’il dit à Ally qu’il avait besoin de parler d’elle à «quelqu’un». Aidan ne lui pose pas de questions, ou probablement, n’a pas envie de savoir. Janine, sur le ton de la plaisanterie, lui demande s’il est en train d’écrire quelque chose de méchant sur elle, mais avec respect, elle n’essaie pas vraiment de lui tirer les vers du nez.
We don’t know what is in the journal except when we hear Tyler’s voice over, for example, when he addresses Michael about the son castrating the father, or when he tells Ally he needed to tell ‘someone’ about her. Aiden doesn’t ask, or, probably doesn’t want to know. Janine jokingly wonders whether he’s writing anything bad about her, but respectfully, she doesn’t really pry.




Comme c’est le cas pour la plupart des journaux intimes, celui de Tyler est très secret. Pouvoir le lire serait comme de pouvoir lire non seulement ses pensées, mais aussi son âme. Tyler est attablé au café, dont il est un habitué, et le serveuse lui apporte une assiette en lui ordonnant de «manger». Mais on ne pense pas à de telles choses, comme le fait de se nourrir, lorsque l’on tient un journal comme il le fait. Le temps s’envole sans que l’on s’en aperçoive, parce que l’on est totalement absorbé. Le monde qui vous entoure, même dans un café bruyant, empli du brouhaha des conversations, des allées et venues des clients, du cliquètement des couverts et des plats, et de la cacophonie des bruits venus de la rue, tout cela n’est qu’un brouillage de fond. On n’entend pas, on ne voit rien de tout cela. Nous sommes alors comme Tyler, dans le monde inférieur des enfers avec son frère, tâtonnant dans l’obscurité, espérant entendre son chant, et résonner les cordes de sa guitare. Comme lui, nous sommes dans un monde secret. Ce monde est notre monde réel et le monde extérieur s’efface et se brouille.

As with many diary-type journals, Tyler’s is very private. Getting a good look at it would be getting a look at not just his thoughts, but also his soul. He sits there in the diner, a regular, and the waitress brings him something and instructs him to ‘eat’. You don’t think of things like eating when you journal that way. Time gets away from you because you are totally absorbed. The world around you, even in a busy diner, with people talking, coming and going, with the noises of cutlery and dishes, with the cacophony of sounds from the city street intruding, all is just white noise. You don’t hear or see it. You are in the underworld with your brother, groping in that dark, hoping you can hear his song, him strumming his guitar. You are in a private world. That is your real world and the outer one recedes in a blur.



J’ai toujours pensé que l’intrusion de Neil Craig dans le journal d’Ally et dans celui de Tyler s’apparentait à une violation, quelle qu’ait été son intention première. Imaginons Tyler rentrant chez lui et trouvant Craig non seulement installé dans son appartement, non seulement dans sa propre chambre, mais lisant son journal, au cœur de sa vie la plus intime. Combien de pages du journal Neil a-t-il lues ? C’est une question que je me suis toujours posée. Que sait-il au juste du ressentiment de Tyler, de ses pensées et de ses émotions secrètes, formulées sans inhibition et sans censure comme elles le seraient naturellement dans un journal ? Tyler doit avoir été mortifié que cet adversaire ait ainsi violé son intimité de cette façon, que cet homme ait vu son âme, sa blessure.
 
 
 
 
 
I’ve always thought that Neil Craig’s intrusion into both Ally’s journal and Tyler’s was violation, never mind its purpose. Imagine Tyler coming home to find Craig not just inside his home, not just inside his bedroom but inside his journal, inside his most private life. How much did he read, I always wonder? How much does he know of Tyler’s ranting, his secrets thoughts and feelings, all uninhibited and uncensored as they would be in a journal? For this adversary to violate his privacy like that must have mortified Tyler. For this man to see his soul, his wound.
Car en effet, ce journal ne contient en toute probabilité que des choses qui doivent être partagées qu’entre Tyler et son Dieu. Le journal est le sein maternel dans lequel doit s’opérer la transformation de Tyler. Il contient le fragile embryon qui doit y rester caché jusqu’à ce qu’il soit capable de survivre à la lumière du jour. Il ne contient rien moins d’autre que la vie nouvelle qui émergera du chagrin de Tyler. Telle est toute la puissance de ce journal.
For in that journal would be things only meant to be between Tyler and his God. The journal is the womb for Tyler’s transformation. In it is the fragile embryo which must stay hidden until it can survive the light of day. It contains nothing less than the new life which will come out of Tyler’s grief. It is that powerful.

Honouring 
Hommage



Enfin, le journal est un lieu d’hommage. C’est le lieu où le souvenir de Michael est concrétisé et conservé. Nous honorons ceux que nous avons perdus de bien des manières, par des actes et des rituels de révérence. Nous gravons leurs noms dans le granit des pierres tombales, nous créons des vidéos et d’autres souvenirs visuels, et ainsi de suite. Nous nous racontons des histoires qui parlent d’eux. Instinctivement, nous savons que nous ne devons jamais oublier.




Finally, the journal is a place of honour. It is where the memory of Michael is realized and stored. We honour lost loved ones in various ways, with reverent acts and rituals. We etch their names onto granite on grave stones, create videos and other visual memorials, and so on. We tell each other stories. We know, instinctively, that we must never forget.


J’ai déjà exprimé l’idée qui suit, à une autre occasion. Tyler est la clef de voûte, il nous conduit vers le type de souvenir que nous avons tous besoin de cultiver. Le film nous emmène dans ces profondeurs intérieures de nous-mêmes que nous avons besoin de découvrir pour pouvoir devenir plus entièrement humains. C’est pour cette raison que nous ne pouvons chasser ce film de nos esprits. L’exploration de ces lieux intérieurs peut être douloureuse, mais une telle excavation est nécessaire. «Il est important de le faire, parce que personne d’autre ne le fera». Et personne d’autre ne le fera de la même façon que nous.
I’ve said this before, elsewhere. Tyler is a touchstone, leading us to the kind of remembrance we all need to cultivate. The film leads us to those deep places within ourselves which we need to find, in order to become more fully human. That’s why we can’t get this film out of our heads. Exploring those places within ourselves can be painful, but this excavation is necessary. “It is important that you do it, because nobody else will.” And no one else will do it the way you do it.

Il est significatif qu’après la mort de Tyler, nous apercevons dans les cendres les restes de son journal. Le journal a accompli le travail qu’il devait faire pour Tyler, mais, à travers ce journal, Tyler continue de parler. Tyler savait, à la fin, que son frère pouvait l’entendre, et c’est pourquoi il lui dit ces choses qui sont les plus importantes de toutes :

« Je t’aime. Tu me manques...Et je te pardonne».

It is significant that after Tyler dies, what we see in the ashes is the remains of his journal. It did its work for him, but through it, he still speaks. He knew, in the end, that his brother could hear him, so he told him the most important things:

“I love you. I miss you...And I forgive you.”