samedi 19 juin 2010

SHARING THOUGHTS ABOUT REMEMBER ME - 3

Partage d’idées sur Remember Me - 3
Lais, this post is by you and for you ! Big hugs!

In these short posts, called Sharing Thoughts, I post some short comments or ideas sent to me by friends and readers of the blog. Today our writer is my friend from Brazil, Ltvares, who commented on this picture on my sister site, www.rememberme-film.com
Dans ces nouveaux posts courts, Partage d’idées, je poste des commentaires courts ou des idées que m’envoient des amis et des lecteurs du blog. Aujourd’hui je laisse la plume à mon amie du Brésil LTavares, qui a écrit ce commentaire à propos d’une scène de RM sur mon site sœur, www.rememberme-film.com
Link: http://www.rememberme-film.com/2010/06/countdown-to-dvd-release-favorite_19.html


Fiction has the power. Words and images have power. They stay in our minds forever and influence our thoughts, actions. At least that is what I believe. This scene marks one of the last and happiest moments of Tyler in RM. He is there in bed, ready to leave home, smiling to Ally. She smiles to him too. They are happy together. I am happy too, because at that moment I am living my dream of having a happy ending but in the end of the film, after having the sensation of taking a punch in my stomach I just only can feel how intolerance can change our lives in a second. How many happy moments human beings can destroy with intolerance? That is what I am still thinking after seeing this beautiful film. That is the power of fiction; makes us thinking and many times makes us change our minds because insignificant or not, things we do are always important, for better or worse. I am always going to think about Tyler and in the man he might have been.
LTavares2010, June 19, 2010


Tyler - I love you. Je t’aime
Ally - Good! Parfait !
Tyler smiles/sourit.
Ally - I love you too. Je t’aime moi aussi.


La fiction a un pouvoir. Les mots et les images ont un pouvoir. Ils restent gravés à jamais dans nos esprits et influencent nos pensées et nos actions. Du moins, c’est ce que je crois. Cette scène marque pour moi l’un des derniers moments les plus heureux de Tyler dans RM. Il est encore dans son lit, souriant à Ally, prêt à partir de chez lui. Elle lui rend son sourire. Ils sont heureux ensemble. Et je suis heureuse aussi, parce qu’à ce moment je suis en train de vivre mon rêve d’une « happy end » ; mais quand survient la fin du film, j’ai la sensation d’avoir reçu un coup de poing dans l’estomac et ne peux que ressentir la façon dont l’intolérance peut changer nos vies en une seconde. Combien de moments heureux les êtres humains peuvent-ils réduire à néant par intolérance ? C’est la réflexion que je continue de me faire après avoir vu ce beau film. Tel est le pouvoir de la fiction : elle nous fait réfléchir et souvent, nous fait changer d’avis car, insignifiantes ou non, les choses que nous faisons sont toujours importantes, pour le meilleur ou pour le pire. Je penserai toujours à Tyler et à l’homme qu’il aurait pu être.
LTavares2010, 19 juin 2010

jeudi 17 juin 2010

COMPARING SCENES IN RM : PART 2

COMMON RECURRENT SYMBOLS - PART 2
CAROLINE AND TYLER

Comparaisons de scènes dans Remember Me : symboles communs et récurrents - Partie 2
Caroline & Tyler

SECOND PART
DEUXIEME PARTIE

CAROLINE AT THE BIRTHDAY PARTY
TYLER AND JANINE IN THE FINAL OFFICE SCENE
CAROLINE A LA FETE DANNIVERSAIRE
TYLER ET JANINE - SCENE FINALE DANS LA TOUR

The scene of the infamous birthday party and the final heart-wrenching office scene with Tyler and Janine might seem worlds apart and, at first sight, it’s tempting to say that they can’t possibly have anything in common. And yet… they share several common symbols. And although they are obviously not of the same magnitude, they do share a common theme too.

La scène de la cruelle fête d’anniversaire et la scène finale déchirante dans le bureau où se trouvent Tyler et Janine peuvent sembler à des années-lumière l’une de l’autre, et, au premier abord, il est tentant de vouloir affirmer qu’il est impossible qu’elles présentent des similitudes. Et pourtant elles ont en commun plusieurs symboles. Et même si ces deux scènes n’ont bien évidemment pas la même magnitude ni la même portée, elle se partagent aussi un thème commun.

This is what makes all the power of the film, this capacity to weave togther all the various thematic strands, fom the tiniest to the more essential ones, into a strong, consistent pattern, and end up with a melody so rich and deep it resonates harmoniously throughout all its scenes, from the most down-to-earth episode to the most tragical moments.
C’est cela qui fait toute la puissance du film, cette capacité à entretisser tous les différents fils thématiques, depuis les plus infimes jusqu’aux plus essentiels, en un motif solide et cohérent, pour aboutir à une mélodie si riche et si profonde qu’elle résonne harmonieusement au fil de toutes les scènes, depuis l’épisode le plus terre à terre jusqu’aux moments les plus tragiques. These scenes share three common symbols: the red sun-like mandala (in its various forms), the white flowers (a funeral symbol), and a feminine presence (the mother and her helper, and the Buddhist statue of the Goddess Guan-Yin for Caroline; the secretary, Janine and his mothers’pictures on the computer for Tyler).
Ces scènes se partagent trois symboles communs : le mandala rouge en forme de soleil (sous ses différentes manifestations), les fleurs blanches (symboles funéraires), et une présence a féminine (la mère, la domestique, et la statue bouddhiste de la déesse Guan-Yin pour Caroline ; la réceptionniste, Janine et la mère de Tyler au travers des photos sur l’ordinateur pour Tyler).


The red sun of death
Le rouge soleil de la mort

The mandala
Le mandala

When Caroline enters the flat, you can see in the two rooms which open behind her, a huge, striking red-orange circular mandala hung from floor to ceiling on the wall. It’s displayed on a pale orange wall, framed several times, in a series of white open doors, as if reverberated in a mirror behind Caroline. Its bright flaming colour, its shape and its size make it rather unusual and almost disturbing. It looks like a huge, fiery exploding sun, a menacing omen of impending destruction and violence, eerily out of place in the immaculate white flat. It’s a recurrent theme in the film – the red sun of death and destruction, foreshadowing some kind of brutal event.


Lorsque Caroline entre dans l’appartement, on peut apercevoir au fond des deux pièces qui s’ouvrent derrière elle, un immense mandala circulaire rouge-orangé assez frappant, occupant tout le mur du sol au plafond. Il est accroché sur un mur orange pâle et apparaît dans une série d’encadrements de portes blanches ouvertes, comme sil se réverbérait dans un miroir derrière Caroline. Sa couleur vive et flamboyante, sa forme et sa taille le rendent assez inhabituel et presque dérangeant. Il ressemble à un énorme soleil ardent en pleine explosion, augure menaçant de destruction et de violence imminentes, étrangement déplacé dans cet appartement d’une blancheur immaculée. Ce soleil rouge de mort et de destruction, présage d’un événement brutal, est un thème récurrent dans le film.

Tyler and the red sun symbol
Tyler et le symbole du soleil rouge

You can get a glimpse of the symbol very early in the film, in the Alice in Wonderland scene, where we see Tyler wearing a t-shirt with a bright red sun motif. The red sun (and the red colour in general) when they are linked to Tyler, are foreshadowing symbols which mark him for death.
On peut entr’apercevoir ce symbole très tôt dans le film, dans la scène du parc avec la statue d’Alice au Pays des Merveilles, où l’on voit Tyler portant un t-shirt blanc orné d’un soleil rouge vif. Le soleil rouge (et la couleur rouge en général), lorsqu’ils sont liés à Tyler, sont des symboles prémonitoires qui annoncent sa mort.


Thus, the very first time we see him in the film, as he sits on the fire escape outside his bedroom window, he’s wearing a red-orange tee-shirt and is glimpsed through the black funeral-like frame of his window (a frame which is never shown again in this colour afterwards). Red always means death for Tyler.
 
 
 
C’est ainsi que dans la scène où nous le voyons pour la première fois, assis sur l’escalier de secours, il porte un T-shirt rouge orangé et apparaît dans l’encadrement noir funéraire de la fenêtre (couleur noire qui ne réapparaît ensuite plus pour cette fenêtre). Le rouge est toujours synonyme de mort pour Tyler.
 
In Caroline’s case, we know that it means that her little childhood world is about to be shattered, and her innocence trampled – a haircut done to her while she was asleep, bullying might not mean much to hardened adults who have maybe forgotten how deeply and genuinely children can grieve (I remember some viewers commenting that after all Caroline’s haircut wasn’t such a big deal!), but to a small child, this is the end of the world such as she knows it. It’s all a question of scale and proportions, but the grief and harm are true nonetheless. So this is what the strange fiery mandala means: imminent violence and the destruction of Caroline’s world.

En ce qui concerne Caroline, nous savons que le petit monde de son enfance est sur le point de voler en morceaux, son innocence foulée aux pieds. Une coupe de cheveux faite pendant son sommeil, une farce comme celle-là peuvent ne pas signifier grand-chose aux yeux d’adultes endurcis qui ont peut-être oublié à quel point le chagrin des enfants peut être vrai et profond. je me souviens que certains commentateurs avaient observé qu’après tout, les cheveux coupés de Caroline, ce n’était pas une si grande affaire… Néanmoins, pour une petite fille, c’est la fin du monde tel qu’elle le connaît. Tout est question d’échelle et de proportions, mais la souffrance et le mal fait n’en sont pas moins réels. C’est le sens de l’insolite mandala ardent: un acte de violence imminent, et la destruction de l’univers de Caroline.

There is no identical mandala in Charle’s office. But there is an almost exact counterpart, with an identical symbolical meaning. We know that Charles’ office is completly devoid of any colour, except black and white and grey and neutral brown. But facing his desk, and seen directly from Tyler’s point of view, there hangs on the wall a huge square abstract painting – a red painting. It’s red and huge like the mandala. Of course, the mandala in the flat is circular, but if you zoom on it, you will see that like most mandalas it’s actually drawn within a square shape.




On ne retrouve pas de mandala identique dans le bureau de Charles. Mais il possède néanmoins son équivalent presque exact, doté d’une signification symbolique identique. Nous savons que le bureau de Charles est entièrement dénué de couleurs, excepté le noir, le blanc, le gris et ce coloris neutre qu’est le brun. Mais face à son bureau, regardé directement du point de vue de Tyler, est accroché au mur un immense tableau carré abstrait – un tableau rouge. Rouge et très grand, comme le mandala. Bien sûr, le mandala de l’appartement est circulaire, mais un zoom montre que comme la plupart des mandalas, c’est en fait un cercle tracé à l’intérieur d’un carré.

This red painting appears only once before in another scene, when Tyler calls his father to invite him to dinner before Caroline’s art show, and si shown form the same point of view, but this time by Charles as he sits at his desk.

Ce tableau rouge apparaît une seule fois avant dans le film, dans une autre scène, quand Tyler appelle son père pour l’inviter à dîner avant l’exposition de dessins de Caroline, et il est montré du même point de vue, mais cette fois au travers du regard de Charles assis à son bureau.


The painting, such we now see it with Tyler’s eyes, is not just a plain flat dull square of red. It’s hard to see this on a small picture, but I remember when I saw it in the theater, it had a sort of imploding movement, and myriad of small dots, maybe yellow-gold, which gave it its dynamics and a pattern. It looked like a deflagration and its specific dark shade of red made it look very disturbingly like blood. It is, again, a form of the exploding sun motif, but on a different scale, one adapted to a collective tragedy. It’s like a red void, like red, massive annihilation. It’s a image of bloodshed, of thousands of brutally slaughtered lives.
Ce tableau, tel que nous le voyons maintenant avec les yeux de Tyler, n’est pas un simple carré rouge, uniforme, plat et terne. Il est difficile de s’en apercevoir sur une petite capture d’écran, mais je me souviens, lorsque je l’ai vu en salle, avoir remarqué que cette peinture possédait un sorte de mouvement d’implosion, et comportait une myriade de taches minuscules, peut-être jaune-doré, qui lui donnaient une dynamique et une structure. Il ressemblait à une déflagration. Sa nuance d’un rouge sombre très particulier évoquait de façon assez dérangeante l’idée du sang. Ce tableau est en fait, de nouveau une forme du thème du soleil rouge qui explose, mais à une échelle différente, une échelle adaptée à celle d’une tragédie collective. Il ressemble à un néant rouge, à une annihilation rouge et massive. C’est une image de sang versé, de milliers de vies brutalement massacrées.

I’ve always marvelled at how abstract paintings can convey such strength and power and sometimes be so terribly disturbing and haunting – as this one is. It’s powerfully jarring, because it’s set in a place which already looks like a marble tomb and where there are no colours at all. It is visually violent, like a slap in the face. Its colour is ominously realistic. Mirrorring Caroline’s, it hangs in Charle’s office like Tyler’s own mandala, and the mandala of death for all those doomed to perish in the towers.
J’ai toujours été étonnée par la force et de la puissance que les peintures abstraites parviennent à exprimer, et à la façon dont certaines d’entre elles sont parfois si terriblement dérangeantes, au point de nous hanter – comme ce c’est le cas de celle-ci. Ce tableau jette une note puissamment discordante, car il est placé dans un lieu qui ressemble déjà à un mausolée de marbre, dépourvu de toutes couleurs. Le tableau est visuellement violent, comme une gifle en plein visage. Sa couleur est d’un réalisme menaçant. Comme un reflet du mandala de Caroline, il est trôle dans le bureau de Charles comme le propre mandala de Tyler, un mandala de mort pour tous ceux condamnés à périr dans les tours.



The red Noguchi Cube
Le cube rouge de Noguchi

This red sun symbol is even skillfully foreshadowed as Tyler is making his way to his father’s office, when he passes the red Noguchi cube. There we have the colour red again, always ominous when connected to Tyler, symbol of his impending death, and the double theme of the circle within the square (or cube). The Noguchi cube is in a way, like a 3D version of the red mandala and the red painting, another poignant hint on Tyler’s last moments in the world.


Le symbole du soleil rouge est adroitement introduit sous la forme d’un présage lorsque Tyler se dirige vers le bureau de son père, au moment où il passe devant la sculpture cubique de Noguchi. Celle-ci reprend la couleur rouge, toujours signe de mauvais présage lorsqu’elle est liée à Tyler, symbole de sa mort prochaine, et le double thème du cercle contenu dans le carré (ou ici, le cube). Le cube de Noguchi est, en quelque sorte, une version en trois dimensions du mandala rouge et de la peinture rouge, un autre rappel poignant des derniers moments de vie de Tyler.

The white flowers of burial
Les fleurs blanches des funérailles

White flowers are a small detail, but they are another recurrent symbol throughout the film. Flowers only appear in two different colours in the film: white, and red/orange. In a nutshell, without describing all the scenes where they appear and play their discrete part, you could sum it up this way: red/orange flowers are an omen of more or less distant destruction and or/death, they are connected with being doomed; white flowers mean impending death/destruction, if it has not already occurred. They are burial flowers, funeral flowers, and there’s something definitive and immediate about their meaning. Seeing them is like hearing a bell toll.
Les fleurs blanches sont un petit détail, mais elles sont un autre symbole récurrent tout au long du film. Les fleurs n’apparaissent que dans deux coloris dans l’histoire : le blanc et le rouge-orangé. En résumé, sans décrire toutes les scènes où on les voir jouer leur rôle discret, on pourrait dire que les fleurs rouge-orangées sont un présage de destruction et/ou de mort plus ou moins lontaines, et qu’elles sont liées au fait d’être condamné ; tandis que les fleurs blanches indiquent une destruction et/ou une mort white imminentes, voire qui s’est déjà produite. Ce sont les fleurs des funérailles, les fleurs mortuaires, et leur symbolisme a quelque chose de définitif et d’immédiat. Voir ces fleurs blanches, c’est comme d’entendre sonner le glas.


 
When Caroline arrives in the flat, all her path is lined with luscious bunches of expensive white flowers, punctuating every step of her way, backward and forward. There’s white flowers behind her in the room leading to the mandala , white flowers close to her near the door, white cascading flowers in the room where the girls are playing at being hairdressers. Even though the flat is clearly that of a wealthy family, they almost seem too much given the circumstance – a little girls’ birthday party. They’re beautiful and delicate (roses, orchideas), but they are also so cold and fragile that they are almost out of place. They belong to somewhere else. Their sight is almost chilling. They carry a dual meaning : they symbolize Caroline’s true purity and innocence, but they also indicate that this innocence is about to be taken away and shattered. White, ethereal, they are funeral-like, and mark Caroline’s passage into another, more cruel stage of her life, and the final burying of the naive illusions of her childhood.




Lors de son arrivée à l’appartement, toute la progression de Caroline est ponctuée de généreux bouquets de coûteuses fleurs blanches, à chacun de ses pas, derrière elle comme devant elle. On aperçoit des fleurs blanches derrière elle dans la pièce qui conduit jusqu’au mandala , des fleurs blanches près de la porte, des fleurs blanches retombant en cascade dans le salon où les fillettes jouent à la coiffeuse. Même si cet appartement de toute évidence celui d’une famille riche, ces fleurs semblent presque exagérée au vu des circonstances : ce n’est après tout que l’anniversaire d’une petite fille. Elles sont belles et délicate (roses, orchidées), mais elles sont aussi si froides et si fragiles qu’elles semblent presque déplacées. Elles appartiennent à un autre contexte. Leur vision donne presque froid dans le dos. Ces fleurs sont porteuses d’une double signification : elles symbolisent la pureté et l’innocence de Caroline, mais indiquent aussi que cette innocence est sur le point d’être retirée et brisée en mille morceaux. Blanches, éthérées, elles ont une allure funéraire, et marquent le passage de Caroline à une autre étape plus cruelle de sa vie, et l’enterrement définitif des illusions naïves de son enfance.

When Tyler enters the reception area at his father’s office on his last day, a large bunch of white flowers is displayed close to the golden statue pierced with a hole and the glass bowl, on a low shelf in the wall which disturbingly looks some kind of funeral alcove (Charles’ office looks a tomb, and does from the very beginning - another symbol). These three objects, and the way they are placed close to each other, in this strange illuminated alcove, have a clear funeral function. A large bunch of white flowers to adorn a grave, a glass bowl once mistaken for an ashtray and now turning into an urn for the ashes of dead, and a torso-shaped golden sculpture, pierced with a gaping hole where its heart should be, to symbolize the destruction of the body and the everlasting grief and loss, all three of them gathered in an alcove which looks like a tombstone.





Lorsque Tyler arrive dans la zone de la réception des bureaux de son père, un grand bouquet de fleurs blanches figure près de la sculpture dorée percée d’un trou et de la coupe en verre, sur une étagère basse pratiquée dans le mur, et qui évoque, de façon dérangeante, une sorte d’alcôve funéraire. Tout le bureau de Charles ressemble d’ailleurs à un tombeau, et ce depuis le départ – encore un autre symbole. Ces trois objets, et la façon dont ils sont disposés les uns à côté des autres, dans cette alcôve étrangement éclairée, ont une fonction mortuaire très claire. Un grand bouquet de fleurs blanche pour décorer une tombe, une coupe de verre autrefois prise à tort pour un cendrier et qui se transforme désormais en une urne pour recueillir les cendres des morts, et une statue en forme de torse humain, percée d’un trou béant à la place du cœur, pour symboliser la destruction du corps et la peine et le deuil éternels, tous les trois réunis en une alcôve qui évoque une pierre tombale.




There are even – but I can’t be sure as this is so fleeting –white flowers with a black heart on the breakfast table in Charle’s office. They’re on a plate, incongruous objects among the oranges and apples, on the right.
Il y a même (quoique je n’en suis pas sûre, car la caméra passe si vite dessus), des fleurs blanches avec un cœur noir sur la table du petit déjeuner dans le bureau de Charles. Elles sont placées sur une assiette, objets incongrus parmi les oranges et les pommes, vers la droite.


The appearance of the white flowers now marks Tyler’s impending fate. Echoing the image of the cold white flowers Caroline sees at the birthday party, they are Tyler’s burial flowers, his farewell flowers, those which we will never see laid on his grave. They are the symbol of the life of the innocent, about to be cut down, a life which will never be allowed to blossom in this world.
L’apparition des fleurs blanches marque désormais le sort imminent qui attend Tyler. Faisant écho aux fleurs blanches et glacées que Caroline aperçoit à la fête d’anniversaire, ce sont les fleurs de l’enterrement du jeune homme, ses fleurs d’adieu, ces fleurs que nous ne verrons jamais orner sa tombe. Elles sont le symbole de la vie de l’innocent, sur le point d’être fauchée, une vie qui n’aura jamais le droit de fleurir en ce monde.




The feminine presence
La présence féminine

When Caroline arrives at the birthday party, and before she falls prey to the other girls, there is for a short moment, several feminine and mother-like figures surrounding her: the maid, the girl’s mother, and – very interestingly, sitting in a corner, a statue of a feminine Buddhist deity.
Lorsque Caroline arrive à la fête d’anniversaire, avant de tomber entre les griffes des autres fillettes, on aperçoit pendant quelques brefs instants, plusieurs figures féminines et maternelles qui l’entourent : la domestique, la mère de sa camarade, et, fait très intéressant, assise dans un angle, la statue d’une déité bouddhique féminine.

As will be seen, the feminine presence is mirrored in both scenes, Caroline’s and Tyler’s, although the women/mother figures are not given the same importance for Caroline. The helper and the mother are the only adults at the party, but strangely enough, they disappear almost immediately. They are after all the only ones who could have prevented the accident from happening and who could have protected Caroline, but they do not get to play this part. Too worried and harrassed with organizing the party and keeping material things under control, they do not perceive at all Caroline’s needs and fears when she arrives. The helper whisks all her things away without accompanying her to the drawing-room. The mother is nice and does call her « sweetie » but in a distracted way, and in a second she has vanished. Maternal protection and help are withdrawn instantly. Tyler’ words seem to resonate bitterly : «go towards the others…try to grow up a little». Caroline will have to do all this alone, but it is too soon, and she’s in the wrong place, with the wrong persons. She is going to have to grow up, but she’s going to be violently pushed out of her childhood.



Comme on va le voir, la présence féminine se renvoie en miroir dans les deux scènes, pour Caroline comme pour Tyler, mais elle ne joue pas un rôle aussi important pour Caroline. La domestique et la mère de l’autre fillette sont les seules adultes de la fête, mais curieusement, elles disparaissant presque aussitôt. Elles sont après tout les seules qui auraient pu empêcher l’accident de se produire et qui auraient pu protéger Caroline, mais elles ne jouent pas ce rôle. Trop préoccupée et harassée par l’organisation de la fête et s’efforçant de garder la main sur tous ses aspects matériels, elles ne perçoivent pas du tout les besoins et les craintes de Caroline à son arrivée. La domestique lui retire promptement toutes ses affaires sans l’accompagner jusqu’au salon. La mère est certes gentille et lui dit «ma puce» mais elle est distraite et en une seconde elle s’est volatilisée. Aide et protection maternelles sont immédiatement retirées. Les paroles de Tyler semblent résonner amèrement : «va vers les autres …essaie de grandir un peu». Aller vers autrui, grandir, Caroline va devoir faire tout cela toute seule, mais il est trop tôt, et elle se trouve au mauvais endroit, avec les mauvaises personnes. Elle va en effet devoir grandir, mais en étant expulsée de son enfance, avec violence.

There is only one silent feminine protective presence left with Caroline when both the maid and the mother have vanished, in the wink of an eye. It’s the Buddhist statue, seen sitting in profile, and who seems to be looking at Caroline from the corner of her eye.
Les deux femmes disparaissent en un clin d’œil et il ne reste alors plus qu’une seule présence féminine silencieuse et protectrice auprès de Caroline. C’est la statue bouddhique, que l’on voit assise de profil, et qui semble regarder Caroline du coin de l’œil.




And significantly, it’s not just any decorative Buddhist statue (as we might think when we see this expensive flat with its Oriental furniture and decoration). She’s the Guan-Yin Goddess, a beloved Asian deity, worshipped as the Goddess of unconditional love, compassion and mercy and generally regarded by many as the protector of women and children. She is a motherly figure said to bestow children, protect all children and defend the unfortunate.
Elle prend tout son sens lorsqu’on l’on s’aperçoit qu’il ne s’agit pas d’une statue bouddhique placée là dans un simple but décoratif, comme on pourrait le penser à la vue de cet appartement luxueux avec son mobilier et ses ornements de style oriental. C’est en effet la déesse Guan-Yin, déité très révérée par les Asiatiques qui y voient une déesse de l’amour, de la compassion et de la miséricorde inconditionnels, et qui la considèrent en général comme la protectrice des femmes et des enfants. C’est une figure maternelle qui accorde la fertilité, protège tous les enfants et défend les infortunés.



 
 
 
 
 
 
 
 
 
The statue is visible in all the shots with Caroline, till she stand framed in the doorway. She’s the only silent protection Caroline now has, although the goddess is unable to prevent what is coming. Yet she reminds us till the end that compassion and love are always there for us, although we don’t see it. Are compassion and pity not the prevailing feelings we have for Caroline, when we guess the outcome of the scene, and when we see her with her hair all hacked away? With the figure of Guan-Yin, the Goddess of mercy, in the background, there is a silent message : compassion for the children we all were, sorrow for the loss of the uncaring happiness of our childhood, grief for our lost innocence and goodness, as little by little, we were forced to leave the garden where we played carefree and to go out into a bleaker world.








La statue est visible dans tous les plans avec Caroline, jusqu’à ce nous voyions la petite fille debout dans l’encadrement de la porte qui mène au salon. Elle est la seule protection silencieuse que Caroline possède désormais, mais la déesse est incapable d’empêcher la suite des événements. Néanmoins, elle nous rappelle jusqu’à la fin que la compassion et l’amour sont toujours à nos côtés, même si nous ne les voyons pas. La compassion et la pitié ne sont-ils pas les sentiments dominants que nous éprouvons envers Caroline, lorsque nous devinons l’issue probable de la scène, puis lorsque nous la revoyons avec ses cheveux tous cisaillés ? La silhouette de Guan-Yin, Déesse de la miséricorde, à l’arrière-plan, est porteuse d’un message silencieux : compassion pour les enfants que nous avons tous été, chagrin pour la perte de la joie insouciante de nos enfances, peine pour la perte de l’innocence et de bonté, lorsque, petit à petit, nous avons été forcés de quitter le jardin où nous jouions libres de toute préoccupation pour nous aventurer dans un monde plus grisaillant.


When one of these two women – who tellingly, doesn’t even know Caroline’s true name, but only says « this little girl » is seen again, it’s already too late. Caroline is calling her mother, sobbing, but true to her nature, she is trying to comfort her own mother. Her precocity and maturity and odd, cute, mothering ways are still there, but there’s now a bitter irony to them.

Lorsque l’une des deux femmes adultes– qui fait révélateur, ne connaît même pas le vrai nom de Caroline et qui dit seulement « cette petite fille » - refait son appaition, il est déjà trop tard. Caroline est au téléphone avec sa mère, elle sanglote, mais fidèle à sa nature, elle essaie malgré tout de consoler sa propre maman. Sa précocité, sa maturité et son côté maternant, insolite et attendrissant, sont toujours là, mais ils ont maintenant un écho d’amère ironie.

TYLER
Similarly, when Tyler arrives at his father office, he’s greeted by three women : the receptionist, his mother (although it is only a picture of her on his father’s screensaver) and then Janine.
De même, lorsque Tyler arrive au bureau de son père, il est accueilli par des femmes : la réceptionniste, sa mère (bien que seulement sous la forme d’une photo sur l’économiseur d’écran de son père), puis Janine.


First there’s the receptionist – we know from the first scenes that she has never really liked Tyler, she’s at best indifferent to him or shocked by him. He doesn’t fit in her polished world, and she can only frown on him, although she can’t be much more older than him: she looks to be in her early thirties. She mirrors the harassed mother and the unperceptive helper at the birthday party: a feminine presence which brings no help and vanishes almost immediately.

Il y a tout d’abord la réceptionniste : nous savons depuis le début du film qu’elle n’a jamais vraiment apprécié Tyler. Dans le meilleur des cas, elle lui témoigne de l’indifférence, au pire, il la choque. Il n’a pas sa place dans son univers lisse et poli et elle ne peut donc que le regarder avec désapprobation, bien qu’elle ne soit sans doute pas beaucoup plus âgée que lui, peut-être la trentaine. Elle renvoie un reflet de la mère harassée et de la domestique indifférente de la fête d’anniversaire : une présence féminine qui n’apporte aucune aide et qui disparaît presque immédiatement.



Then there’s the picture of Tyler’s smiling mother, with Tyler at her side as a young boy of about 11, since his mother is holding the baby Caroline swathed in a pink plaid. All of Tyler’s childhood and family life display on the screen, but the last pictures he sees before Janine arrives and they start looking at pics of Michael together are of Diane and Caroline. Diane, his loving mother, in a happier moment of her life, and Caroline, his younger sister who however so often mothers her older brother, and scolds him and takes care of him, like a miniature mother figure, in this odd, lovable, eerily mature and almost too adult way of hers. Tyler’s real mother, and his little sister who mothers him.




La seconde présence féminine est celle de la photo de la mère de Tyler, que l’on voit souriante, avec Tyler à ses côtés, un petit garçon âgé d’environ onze ans, puisque sa mère tient dans ses bras Caroline tout bébé emmitouflée dans une couverture rose. Toute les images de l’enfance et de la famille de Tyler défilent à l’écran, mais les dernières images qu’il voit avant l’arrivée de Janine et qu’ils commencent à regarder les photos de Michael sont celles de sa mère et de Caroline. Diane, sa mère aimante, à un moment plus heureux de sa vie, et Caroline, sa petite sœur qui pourtant, materne son frère aîné, le gronde et prend soin de lui, comme une figure maternelle en miniature, avec cette façon d’être et de se comporter insolite, attendrissante, étonnement mature et presque trop adulte qu’elle a. Sa vraie mère, et sa sœur qui le materne.


Of course, they are only pictures, memories from the past, glimpses of happy moments of long ago, of a happy childhood, but they carry a lot of strenghth and joy. They are an echo of a time when innocence and happiness were still very real parts of Tyler’s life, so Caroline’s theme of lost innocence/childhood at the birthday party is echoed here. And even if Diane cannot be physically with her son in the last moment of his life, he is given the chance to look at her beloved face one last time, to remember what it was to be a happy carefree boy, basking in his mother’s tenderness and in the happiness of having a newborn little sister and a happy father or older brother snapping the picture of them. And he’s also given a last chance to see Caroline’s smiling baby face again. With these two loving smiles from the past – his mother’s, his sister’s - and from the present, with Janine’s smile and caring presence - Tyler gets a last glimpse of happiness and innocence, as he sits there smiling at the glowing, lovely world of childhood, feminity and motherhood.

Bien sûr, ce ne sont que des images, des souvenirs du passé, des aperçus de moments heureux d’autrefois, d’une enfance joyeuse, mais elles sont porteuses de beaucoup de force et de joie. Ces photos sont un écho d’un temps où l’innocence et le bonheur faisaient vraiment partie de la vie de Tyler. Et ainsi, elles se font aussi l’écho du thème de la perte de l’innocence et de l’enfance illustrés par la fenêtre d’anniversaire où se rend Caroline. Et même si Diane ne peut pas être physiquement présente avec son fils au dernier moment de sa vie, il a l’opportunité de regarder une dernière fois son visage aimé, de se souvenir de ce qu’était d’être un petit garçon heureux et insouciant, entouré de la tendresse de sa mère et plein de la joie d’avoir eu une petite sœur, et un père ou un frère aîné heureux pour les prendre en photo à cet instant. Il lui est aussi donné de revoir une dernière fois la visage souriant de Caroline quand elle était encore bébé. Avec ces deux sourires aimants surgis du passé – celui de sa mère, celui de sa sœur – auquel vient se superposer le sourire du temps présent, celui de Janine et de sa présence attentive - Tyler a ainsi une dernière vision du bonheur et de l’innocence, tandis qu’il est assis là souriant lui-même à cet univers lumineux et charmant de l’enfance, de la féminité et de la maternité.

Janine is not so different. She and Tyler obviously have an affectionate relationship, almost like mother and son. She is in a way a surrogate mother, one who cares for him and his father, one who obviously knows them very well, and who never seems to judge, pry or condemn. (Interestingly, her name phonetically mirrors that of the Guan Yin goddess, but here I would be certainly going too far f I tried to connect them, although the coincidence is curious).



Janine n’est pas si différente. Elle et Tyler ont de toute évidence une relation affectueuse, presque comme mère et fils. Elle est en quelque sorte une mère de substitution, pour qui Tyler et son père comptent, qui les connaît clairement très bien, et qui ne semble jamais juger, fouiner ou condamner. (Il est intéressant de noter que phonétiquement son nom évoque celui de la déesse Guan-Yin, mais là ce serait certainement aller trop loin dans les interprétations ; mais la coïncidence est curieuse).


However, it’s somehow comforting in this desolate ending, to know that Tyler did not die alone, but that he had this kind, caring woman and mother-figure with him when the last moment came, and that he was even able to share memories of Michael with her, feel and share her compassion, and forgive her for having forgotten the exact date. Love, compassion, childhood, and a motherly figure, caring for the unfortunate – all those themes which were glimpsed at the birthday party, are here too, although under a different aspect.






Il y a cependant une certaine consolation, si l’on peut dire, dans cette fin désolée : savoir que Tyler n’est pas mort seul, mais qu’il avait à ses côtés cette femme pleine de gentillesse et d’attention, qui est aussi une figure maternelle, lorsque le dernier moment fait irruption. Il a même pu partager des souvenirs de Michael avec elle, éprouver et partager sa compassion, et lui pardonner d’avoir oublié la date exacte de la mort de son frère. L’amour, la compassion, l’enfance, et une figure maternelle, prenant soin des infortunés – on retrouve ainsi dans cette scène les même thèmes que ceux de la fête d’anniversaire, mais sous un aspect différent.




We now close our story. Caroline’s bullying at the birthday party was the death of innocence.
Tyler’s death in the tower, along with Janine’s and all those who were in there that morning, is the death of the innocent – the death of all the innocents.
Il est temps de mettre un point final au récit. La farce infligée à Caroline à l’anniversaire était la mort de l’innocence.
La mort de Tyler dans la tour, aux côtés de Janine et de tous ceux qui étaient là ce matin-là, est la mort de l’innocent – la mort de tous les innocents.



Thanks to Ltavares for pointing the likeness between Neil and Tyler (Part 1)
Thanks to jessegirl for pointing the difference between mirroring and bookends
Thanks to my best friend Christine who's had a statue of Guan Yin for years in her flat

mardi 15 juin 2010

COMPARING SCENES IN RM: PART1

COMMON RECURRENT SYMBOLS- PART 1

Comparaisons de scènes dans Remember Me : symboles communs et récurrents
Caroline & Tyler

Symbols and parallelisms are everywhere in RM, intricately and wonderfully interwowen. Three main devices seem to be used: recurrent symbols, mirroring and/or bookends.

Recurrent symbols serve to foreshadow the future or express a character’s state of mind. They permeate every scene, sometimes in an obvious way, sometimes much more subtly, faintly appearing beneath the surface like sweet or ominous watermarks. The list is long: flowers, candles, dominant colour themes (with a meaning which changes according to each character) such as black and white, blue, or red/orange; graffitis and billboards; warm or cold lightings ; artworks, drawings and paintings; animals or their representations; Greek myths; recurrent sunflower/sun pattern ; balloons ; dismembered dolls ; sculptures or objects pierced with a hole; books; alternance of square or circular shapes with a hole in their middle; candlesticks; objects presented in pairs; black and white photos; framing (all characters almost always appear filmed standing in a doorway or entrance ou are seen through a window), etc. They are like keys, like a symbolic undercurrent of meaning which we have to decipher.

Les symboles et les parallèles foisonnent dans RM, tissant de merveilleux et délicats entrelacs. Trois grandes techniques semblent être utilisées dans le film : les symboles récurrents, la mise en miroir et/ou les mises en parallèles.
Les symboles récurrents servent à faire pressentir l’avenir ou à exprimer l’état d’esprit d’un personnage. Ils laissent leur empreintes sur chaque scène, parfois de façon évidente, parfois beaucoup plus subtilement, transparaissant faiblement sous la surface des images comme de tendres ou inquiétants filigranes. La liste est longue : fleurs, bougies, thèmes de couleur dominants (dont la signification change selon chaque personnage) tels que le noir et le blanc, le bleu, ou le rouge orangé ; les graffitis et les affiches de rues ; les éclairages chauds ou froids ; les oeuvres d’art, les dessins et les peintures ; les animaux ou leurs représentations ; les mythes grecs ; le motif récurrent du soleil et de la fleur de tournesol ; les ballons ; les poupées démembrées ; les sculptures ou les objets percés d’un trou ; les livres ; l’alternance du motif du carré ou du cercle percés d’un trou en leur centre ; les chandeliers ; les objets apparaissant deux par deux ; les photos noir et blanc ; la technique de l’encadrement (tous les personnages apparaissent presque toujours filmés dans l’embrasure d’une porte ou d’une entrée ou sont vus à travers une fenêtre), etc. Tous ces symboles ou techniques sont comme des clés, comme un courant souterrain de sens que nous devons déchiffrer.


Mirroring, which is often used as a bookend device in the film, echoes and duplicates past and present scenes, such as the opening and closing scenes in the subway station, or the opening and closing graveside scenes. But mirroring also applies to characters, i.e Neil Craig and Tyler Hawkins, who – unexpectly- present striking similarities. It also applies to abstract symbols, such as the numbers 11 (9/11 ; Ally and Caroline both being 11 when death strikes ; the exact age difference between Tyler and Caroline) and 22 (Michael and Tyler both dying at the same age, the number of years Neil has been on the job as a cop). And there’s many more. Every prop, every object, every colour, every character, every situation is thus subtly used, reverberating each other throughout the film.

La mise en miroir, qui est aussi souvent utilisée comme une mise en parallèle dans le film, crée des échos entre des scènes du passé et du présent ou les duplique, par exemple avec les deux scènes d’ouverture et de clôture du film avec Ally dans la station de métro, ou les deux scènes du cimetière. Mais la mise en miroir s’applique aussi aux personnages : Neil Craig (le père d’Ally) et Tyler, curieusement, présent des ressemblances frappantes. Elle concerne aussi les symboles abstraits, par exemple les chiffres : le 11 (11 septembre ; l’âge identique d’Ally et de Caroline, onze ans, lorsque la mort frappe ; l’exact différence d’âge entre Tyler et Caroline) et le 22 (l’âge auquel Michael et Tyler meurent tous les deux ; le nombre d’années depuis lequel Neil exerce en tant que policier). Et il y en a beaucoup d’autres. Chaque accessoire, chaque objet, chaque couleur, chaque personnage, chaque situation est ainsi subtilement exploité, créant un jeu de réverbérations tout au long du film.
 
There are so many examples, from the most obvious to the most secret and hidden, that it’s difficult to choose a scene to illustrate how this works. But I’ve liked the idea of tracking some really hidden symbols and to show how they are used for situations which appear to have no common traits at all. I’ve picked three short parts of very different scenes: the first shows Tyler in the train, looking at a sleeping McDonald clown. The second shows Caroline arriving at the ill-fated birthday party. The third shows Tyler, the last time we ever see him, waiting in his father’s office as he sits watching his family pictures on the computer, when Janine suddenly enters with her two coffees.
 
Les exemples sont si nombreux, depuis les plus évidents jusqu’aux plus secrets et aux plus cachés, qu’il est difficile de choisir une scène pour illustrer comment ils opèrent. J’ai cependant été attirée par l’idée de dépister quelques symboles vraiment enfouis et de montrer comment ils sont utilisés dans des situations qui n’ont en apparence aucune caractéristique commune. J’ai retenu trois extraits courts de scènes très différentes : dans la première, Tyler est dans le métro, et regarde un clown McDonald endormi sur une banquette. Dans la deuxième, Caroline arrive à la fête d’anniversaire qui va tourner si mal. Dans la troisième, Tyler, la dernière fois que nous le voyons dans le film, attend dans le bureau de son père, et regarde les photos de sa famille sur l’ordinateur, lorsque Janine entre subitement avec ses deux cafés.
 
 





FIRST PART
PREMIERE PARTIE

CAROLINE AT THE BIRTHDAY PARTY
TYLER AND THE CLOWN IN THE SUBWAY
CAROLINE A LA FETE D'ANNIVERSAIRE
TYLER ET LE CLOWN DANS LE METRO

Clowns and balloons
Clowns et ballons

The brutal mangling of Caroline’s hair at the birthday party is so much more than a nasty, cruel joke played upon her by the other girls, and its implications are deep and far-fetching for her. It means an utter rejection of her as an individual, her exclusion from the group, a negation of who she is, a refusal to see her potential, her qualities, the good she could bring to the group of little girls. She is, as she says earlier to Tyler, a «freak of nature» and treated as such by the rejecting group: she is punished for being considered as different, and therefore made to look like a freak or a clown. She is like this McDonald clown we see at the beginning of the film, presumably coming or going to a MacDonald birthsday party. The clown elicits a little knowing nod from Tyler, who has accepted the idea that he’s playing the part of the sad, ridiculous and tired clown in this life.


Lorsque les autres petites filles massacrent littéralement les cheveux de Caroline lors de la fête d’anniversaire, il s’agit bien plus que d’une plaisanterie écœurante et cruelle. Ses implications sont profondes et ont pour Caroline un retentissement qui va très loin. Son sens réel est un rejet total de Caroline en tant que personne individuelle, son exclusion du groupe, la négation de qui elle est, le refus de percevoir son potentiel, ses qualités, les choses positives qu’elle pourrait apporter aux autres fillettes. Elle est, comme elle l’a dit à Tyler, un «monstre de la nature» et elle est traitée comme telle par le groupe qui la rejette. Elle est punie parce qu’elle est perçue comme différente, et son châtiment sera de se voir transformer physiquement en un monstre - ou plus exactement, en un clown. Caroline est comme ce clown MacDonald que nous nous apercevons au début du film, et qui se rendait sans doute à une fête d’anniversaire MacDonald, ou en revenait. Le clown provoque un petit hochement de tête entendu de la part de Tyler, qui a lui accepté l’idée qu’il joue lui-même le rôle du clown triste, ridicule et las dans cette vie.

The birthdays bitter joke
Anniversaires, farces amères

In this scene, Tyler bitterly identifies with the clown in the train, but he’s far older and (supposedly) more mature than Caroline. He’s gone far enough in his arc now to know or at least to believe that life can be a merciless, pitiful, wearisome joke. Caroline is so young compared to him: she’s only starting her journey in life, but she is suddenly and cruelly forced to endorse the role of the clown, against her will. Life’s joke is on her, and interestingly, it also occurs during a birthday party. (On a darker note, this also echoes the terrible « jokes » that are her two brothers’s birthdays: Michael’s birthday is the very day he killed himself, Tyler’s birthday will also be his deathday, his last birthday). The world is a stage. Life is a circus. And we are the clumsy performers stumbling on on it, and our part sometimes entails being rididuled on stage. Or to die on it.
Dans cette scène, Tyler s’identifie avec amertume au clown du métro. Seulement, Tyler est bien plus âgé que Caroline (et du moins on peut le supposer) bien plus mûr qu’elle. Il a maintenant parcouru une trajectoire suffisamment longue pour savoir ou du moins pour s’être convaincu que la vie peut être une farce impitoyable, dérisoire et fatigante. Mais Caroline est si jeune par rapport à son frère : elle ne fait que commencer son voyage dans la vie. Pourtant, subitement, cruellement, elle va elle aussi être forcée de se glisser dans la peau du clown, d’endosser son costume, contre sa volonté. La farce de la vie se retourne contre elle, elle en devient la victime, et fait intéressant, cet événement se produit aussi pendant une fête d’anniversaire, même si ce n’est pas le sien. Cet anniversaire, sous un aspect plus sombre, renvoie aussi un écho des terribles «farces» que sont les anniversaires de ses deux frères : c’et le jour même de son anniversaire que Michael se suicide, et l’anniversaire de Tyler marquera non seulement son jour de naissance, mais aussi son jour de mort, car ce sera son dernier anniversaire. Le monde est un théâtre. La vie est un cirque. Et chacun d’entre nous est un acteur maladroit qui la parcourt en trébuchant. Et nos rôles nous obligent parfois à nous y fair ridiculiser, ou même à y mourir.



Caroline’s blindness for accepting the invitation, without seeing the underlying hate and the trap which was lying in wait for her, have already turned her into a clown for the other girls. They only need to create some external, visible token for her to look like one, and that will be her gross haircut. Ridiculous, even monstruous hair is one of the clown’s common attributes : the one in the subway wears a particularly ugly fantastic multicoloured wig. Caroline’s mangled hair and the clown’s wig mirror each other.

 En acceptant l’invitation, Caroline a fait preuve d’aveuglement. Elle n’a pas su percevoir la haine cachée et le piège qui l’attendait. Cette erreur l’a déjà convertie en un clown aux yeux des autres fillettes. Il ne leur reste plus qu’à lui confectionner un symbole externe et bien visible qui la transformera totalement en clown. Une chevelure ridicule, voire monstrueuse, fait partie des attributs communs de tous les clowns : et celui du métro porte une perruque multicolore particulièrement repoussante et extravagante. Les cheveux massacrés de Caroline et la perruque du clown se renvoient donc leur image comme dans un miroir.
 
Balloons and Caroline’s colour theme
Les ballons et le thème de couleur de Caroline
 
Other less obvious, recurrent symbols for the subway clown and for Caroline are the colourful balloons.
Balloons are everywhere in the flat and they are clearly linked to Caroline: they are in very shot, when she comes in, when she walks towards the girls, and when she calls her mother. When as she approaches the group of little girls, and the point of view switches to the girls’, Caroline is seen framed in a doorway, surrounded by bunches of gaudy, green, orange and yellow balloons. She’s the clown, the obvious future victim . The pack is ready for her.
 
 
 
 
D’autres symboles récurrents, moins évidents, qui relient le clown du métro et Caroline, sont les ballons colorés.
Des grappes de ballons ont été accrochées partout dans l’appartement et sont clairement liés à Caroline: ils apparaissent dans tous les plans, lorsqu’elle entre, lorsqu’elle marche vers ses camarades, et lorsqu’elle appelle sa mère. Lorsqu’elle s’approche du groupe, et que le point de vue bascule du côté des fillettes, celles-ci regardent Caroline se tenant dans l’encadrement de la porte, entourée de grappes de ballons criards, jaunes , oranges, verts. Caroline est le clown, la future victime toute désignée. La meute est prête pour elle.
 
Balloons are also what she sees in the drawing-room where the girls are playing. A deliberate close-up on balloons is the first and last thing which we see around her when she calls her mother after having her hair savaged. Balloons, so light and funny, should be a symbol of celebration and happiness. But here, their garish colours clash agains the white creamy walls. They are like miniatures freak creatures escaped from a seedy universe of funfairs and circuses, hung there to underscore how cruelly Craoline will be treated. All of sudden, the funfair has turned into a nightmare and the circus act has gone all wrong.
 
 


 
Les ballons, c’est aussi ce que Caroline aperçoit dans le salon où les fillettes sont en train de jouer. Dans la conclusion finale de la scène, un zoom délibéré sur ces fameux ballons est aussi la première et la dernière chose que nous voyons lorsque Caroline appelle sa mère après avoir eu les cheveux coupés. Ces ballons, si légers et si gais, devraient être un symbole de fête et de bonheur. Mais ici, leur couleurs criardes jurent avec les murs blancs crème de l’appartement. Ils ressemblent tout d’un coup à d’espèces de petites créatures monstrueuses échappées de l’univers pas si reluisant des fêtes foraines et des cirques, dont la présence semble vouloir souligner encore davantage la cruauté avec laquelle Caroline va être traitée. Tout d’un coup, la fête foraine est en train de virer au cauchemar ; le numéro de cirque tourne de travers.
 
The colour of the balloons is important compared to Caroline’s colour theme. The subway clown’s balloons are the same gaudy colours as the balloons for the birthday party: garish, brutal colours which clash strongly with the pure, white walls, the pastel paintings and the beautiful oriental-style furniture of the flat. They also contrast with Caroline’s dominant colours, which are pink and light grey: she’s wearing a pretty, childish light grey dress (when all the other girls are wearing trousers or shorts), delicate silver shoes, a bit like a little princess straitght from a fairytale, and she’s carrying a pale pink rucksack and a pink sleeping bag.
 
La couleur des ballons est importante par comparaison avec le thème de couleur qui est propre à Caroline. Les ballons du clown du métro arborent les mêmes coloris vulgaires que ceux de la fête d’anniversaire : des coloris brutaux, criards, qui choquent dans cet appartement aux murs blanc purs, décoré de peintures et de fauteuils pastels et de beaux meubles de style oriental. Ils contrastent avec les couleurs dominantes de Caroline, qui sont le rose et le gris perle : elle porte une jolie petite robe grise d’allure enfantine (alors que toute les autres fillettes sont en pantalon ou en shorts), de délicates ballerines argentées, un peu comme une petite princesse venue tout droit d’un conte de fées, et elle apporte avec elle un sac à dos rose pâle et un sac de couchage rose.
 
Like the subway clown, who is also carrying a big birthday box with him, decorated with balloons, Caroline is also carrying a birthday box – also decorated with balloons she has drawn herself, but her box is pale and pink, with childish drawings and lettering, pastel ballons and a pretty pink ribbon - all of it lovingly made.

Both themes clash and their meaning is simple: on the one hand, there’s the violent, crude colours of adult life, coarsened by all its lost illusions – on the other hand, the pastel naive colours of a still almost untouched childhood.




Exactement comme le clown du métro, qui transporte lui aussi un gros cadeau d’anniversaire, décoré de ballons, toujours dans des coloris criards, Caroline a aussi apporté un cadeau d’anniversaire – rose pâle, décoré de ballons pastel qu’elle a dessinés elle-même, avec Joyeux Anniversaire écrit en grosses lettres enfantines, le tout terminé d’un joli ruban rose, et fait avec amour.
Les deux thèmes de couleur entrent en conflit et leur signification est simple : d’un côté, l’on a les couleurs violentes et grossières d’une vie adulte malmenée, rudoyées par toutes les illusions perdues – de l’autre, les couleurs pastel naïves d’une enfance encore presque intacte. 

Interestingly enough, all these pink attributes –symbols of childhood- are quickly taken away from her – almost torn away from her - as soon as she steps into the flat – the birthday present, the sleeping-bag, the rucksack. The door of the flat – the only possible escape now – closes behind her, and the two adult women (the birthday girl’s mother and the helper) both immediatly disappear and leave Caroline alone and defenceless. Their sudden appearance and disappearance, their almost identical gestures – stripping everything Caroline has with her (just as the subway thieves stripped even little Ally of her handbag when they mugged her and her mother) – is like a symbolic, ominous dance. Grown-up reality is intruding, brisk, almost brutal, uncaring, and the two women vanish with all of Caroline’s childhood tokens.







Fait intéressant, tous ces accessoires roses, symboles de l’enfance, sont promptement retirés (presque arrachés) à Caroline dès qu’elle entre dans l’appartement : le cadeau, le sac de couchage, le sac à dos. La porte de l’appartement, seule échappatoire possible maintenant, se referme derrière elle, et les deux femmes adultes (la mère de la fillette qui fête son anniversaire, et la domestique) disparaissent immédiatement, laissant Caroline seule et sans défense. Leur apparition et leur disparition sont subites, leur gestes quasiment identiques : elles dépouillent Caroline de tout ce qu’elle a (juste comme les voleurs du métro avaient pris son sac à main même à la petite Ally lorsqu’ils l’avaient agressée, elle et sa mère). C’est comme une danse symbolique et inquiétante. La réalité des adultes fait irruption, pressée, presque brutale, indifférente, et le deux femmes disparaissent avec tous les symboles de l’enfance de Caroline.


It’s heart-wrenching to think that this could maybe have been avoided. Caroline was feeling queasy about the party but when she tells Tyler about her misgivings, he’s too self-absorbed in his own grow-up problems – after all, Ally has just split with him– to listen to her. Just for once, Tyler is uncaring and impatient with her.
Chose navrante, tout cela pourrait peut-être avoir été évité. Caroline avait des inquiétudes à l’idée de la fête mais lorsqu’elle en parle à Tyler, il est alors trop absorbé par ses propres problèmes d’adulte –après tout, Ally vient juste de le quitter – pour l’écouter. Pour une fois seulement, Tyler est indifférent et impatient envers Caroline.






But if he had been able to listen properly, maybe he would have perceived her anguish and accepted to take her back home. But he didn’t.

S’il avait su l’écouter comme il se doit, peut-être Tyler aurait-il perçu l’anxiété de sa sœur et aurait-il accepté de la ramener à la maison. Mais il ne l’a pas fait.



This is what it is all about : her childhood innocence is about to be destroyed, and this is not something you can ever get back. Once lost, innocence is lost for ever. Tyler knows that only too well, as he comes back from this non-anniversary that is the ceremony at the cemetery, celebrating the memory of a brother who killed himself on his birthday. Life is a gross joke to him, and he and the sleeping subway clown - are brothers, united and jostled together in the weary train of life to celebrate a parody of birthday.


 Birthdays are never happy in RM. They are wrought with sadness, cruelty and a sense of the meaninglessness of life. The subway clown even almost looks dead, sprawled on his bench like a fat broken puppet, or a discarded toy. And close to Tyler, you can even get a fleeting glimpse of a poster displaying an incompletely seen word : EATH… maybe the word DEATH . To Tyler and his family, birthdays are not linked to life and joy, but to their exact opposites: death and sorrow.





Tel est le sens de cette scène : l’innocence de l’enfance de Caroline est sur le point d’être anéantie. Cette innocence, nous ne la récupérons jamais. Une fois perdue, elle est perdue pour toujours. Tyler ne le sait que trop bien, lorsqu’il revient de ce non-anniversaire qu’elle la cérémonie au cimetière, cette célébration du souvenir d’un frère qui s’est suicidé le jour même de son anniversaire. La vie, aux yeux de Tyler, n’est qu’une farce de grossière facture. Tyler et le clown endormi dans le métro sont des frères, unis et malmenés ensemble par les secousses du train fatigué de la vie, célébrant tous les deux une parodie d’anniversaire.
Les anniversaires ne sont jamais heureux dans Remember Me. Ils sont empreints de tristesse, de cruauté, et du sentiment de l’absurdité de la vie. Le clown du métro a même l’air persque mort, avachi sur sa banquette comme une grosse marionnette cassée, ou un jouet abandonné. Tout près de Tyler, on peut fugitivement entr’apercevoir une affiche sur laquelle on peut lire un mot incomplet: EATH… peut-être le mot DEATH, la MORT. Pour Tyler et sa famille, les anniversaires ne seront jamais liés à la vie et à la joie, mais à leurs exacts contraires : la mort et le chagrin.

Just as Tyler lost all innocence forever when as a teenager, he found Michael’s hanging body on his brother’s birthday, Caroline’s bullying at the birthday party similarly illustrates the same theme: the death of innocence.


De même que Tyler a perdu à jamais son innocence lorsqu’adolescent, il a découvert le corps de Michael pendu, le jour même de son anniversaire, la farce infligée à Caroline à la fête d’anniversaire reprend ainsi le même thème : la mort de l’innocence.